Samedi 12 Octobre 2019, Kona à Hawaï, Championnats
du Monde IronMan, la course de l’année s’annonçait belle et indécise, et
tellement indécise chez les Hommes, que cette année je n’avais même pas envisagé
un pronostique et chez les Femmes, cela me semblait tellement limpide…
Chez les Hommes, j’espérais une petite surprise,
Cameron Wurf (AUS), Ben Hoffman (USA) et pourquoi pas Andy Potts (USA) tiens,
toujours bien placé et jamais récompensé…
Chez les Femmes, Daniela Ryf (SUI), cela semblait imparable
ou alors Lucy Charles (UK), oui fort possible…
Ben, tout faux ! Planté !
Depuis 2014 chez les garçons, la couronne mondiale finit dans
l’empire germanique ! Bravo aux allemands, toujours aussi forts et
toujours au rendez-vous.
Voici les résumés des courses pour ceux qui n’ont
pas eu le courage de rester jusqu’à 3h du matin ou qui n’ont pas pu voir la
course.
Course Femmes :
Tout démarre super bien pour Lucy Charles (UK) qui
domine la Natation et prendra le large en vélo. Quel show sur le vélo !
A
ce moment-là, vu l’écart que Lucy creuse sur ses poursuivantes, je me dis que
c’est plié. Je ne vois pas comment elle ne peut pas gagner.
La course Femmes
est en sens unique, Lucy Charles (UK) est devant et les autres sont à la traîne
en chasse patate : les australiennes Sarah Crawley (AUS) et Carrie Lester
(AUS), la suissesse Imogen Simmonds (SUI), l’allemande Ann Haug (ALL) et sa
compatriote Daniela Bleymehl (ALL), l’américaine Jocelyn Mc Cauley (USA)... et encore
plus à l’arrière, décrochée, Daniela Ryf (SUI) la suissesse favorite.
La
championne du monde en titre ne recollera jamais, reculant même encore sur son
point fort, le VELO et ainsi montrant des limites dans un jour
« sans ».
Comme entendu, Lucy Charles (UK) arrive en T2 avec
une avance bien confortable de presque 8mn sur les poursuivantes.
Si elle ne craque
pas, c’est plié !
Seule une Mirinda Carfae (AUS) en son temps aurait été
capable de revenir avec un tel écart ou bien une Daniela Ryf (SUI) en pleine
possession de ses moyens…
Oui, mais voilà, le marathon reste le marathon et ça aussi c'est un bel oubli de ma part… C’est Anne Haug (ALL) qui va se révéler au grand jour, la même gagnante de l’IronMan danois
qui avait impressionné mon grand lorsque j’avais couru l’Ironman de Copenhague, récit ici pour les curieux que ça (re)tente, cet
été en compagnie de Loulou.
Que se passe-t-il ?
Ben Lucy craque vers le
KM15, peut-être a-t-elle laissé trop d’énergie sur le vélo puisqu’elle a roulé
en solo devant…
En tout cas, Anne Haug (ALL) en profite pour réduire l’écart
jusque-là assez fixe. L’étau se resserre. Plus que 50’’ d’avance au
semi-marathon.
Au KM25, Anne Haug (ALL) finit par doubler Lucy Charles (UK) qui
ne peut rien faire, elles échangent quelques mots, et ensuite il y aura plus de
2mn qui sépareront les deux championnes au KM30.
Anne Haug (ALL) file alors vers la victoire avec
un superbe marathon de 2h51. Bien joué !
Lucy Charles (UK) qui aura mené de bout en bout la
course pendant 85% du temps est même reprise par l’australienne Sarah Crawley
(AUS).
Non, pas de bol, mince… Mais dans un sursaut d’orgueil, Lucy Charles (UK)
donne tout ce qui lui reste pour finalement repasser devant l’australienne et
reprendre la 2ème place.
1° Anne Haug (ALL) – 2° Lucy Charles Barclay (UK)
– 3° Sarah Crawley (AUS)
Daniella Ryf (SUI), dans un jour sans, terminera
son périple au courage, prenant un 13° place inhabituelle, mais d’après son
interview d’après course, elle n’a jamais envisagé d’abandonner. Exemplarité.
Bref victoire allemande !
Courses Hommes :
La Natation voit vraiment les meilleurs nageurs
sortir de l’eau.
L’australien Josh Amberger (AUS) bien sûr, l’américain Tim
O’Donnell (USA) souvent bien placé à l’arrivée finale, et première surprise de
la course, et chose surprenante, pas d'Andy Potts (USA) son compatriote très
bon nageur.
Il y a aussi les allemands Jan Frodeno (vainqueur en 2015 et 2016),
Patrick Lange (vainqueur en 2017 et 2018), Maurice Clavel, l’Australien Braden
Currie (AUS) et le Suédois Jesper Svensson (SWE).
Dans ce groupe de tête, on
trouve également Alistair Brownlee (UK), le Britannique, champion olympique et
vice-champion du monde Half Ironman à Nice quelques semaines plus tôt.
Ce groupe sort plus de 3mn devant les gros
rouleurs que sont l’allemand Sebastian Kienle (ALL) et l’australien Cameron
Wurf (AUS)…
On entame le vélo et l’anglais Alistair s’échappe.
Bluf ? Probablement, car vers le KM30, l’allemand Jan Frodeno (ALL) appuie
sur les manivelles et revient sur lui avec un petit groupe.
A l’affût, on
retrouve les gros rouleurs qui sont à distance respectable, 3’, ce n’est pas
grand-chose pour Kienle (ALL), Wurf (AUS), Sanders (CAN)…
Après le KM50, ils sont 5 en tête : Maurice
Clavel (ALL), Jan Frodeno (ALL), Josh Amberger (AUS), Tim O’Donnell (USA) et
Alistair Brownlee (UK).
Alistair Brownlee (UK) est souvent limite
« drafting », la distance qui le sépare avec celui de devant est assez
limite… J’ai souvent cru qu’il allait prendre un carton. Ben non !
Josh
Amberger (AUS) est le premier à craquer et décroche…
Ils ne sont plus que 4
devant et derrière les gros rouleurs sont toujours à 3mn, quand, seconde
surprise de la course, Patrick Lange (ALL), le tenant du titre, met
soudainement le pied à terre. Abandon ! Merde.
Là je suis scotché devant
le live. Le gars, il roule bien, son coach l’encourage, il est sur le bord de
la route, et hop, coup de frein direct, plus de son, plus d’image… Patrick Lange
pose pied à terre… les commentaires laissent entendre qu’il avait la fièvre la
veille.
Bref, pendant ce temps la course continue.
Je ne comprends pas trop pourquoi les gros
rouleurs n’arrivent pas à rejoindre les échappés…
Ca roule vraiment vite devant
ou alors il y a beaucoup de vent… peut-être ?
Quand on voit comment l’allemand Maurice Clavel
(ALL), souvent en seconde position, se tortille dans tous les sens et déploie
une énergie phénoménale (c’est l’impression que j’ai) pour rester au contact de
Jan Frodeno (ALL), on peut imaginer que cela ne doit pas être « easy
easy »…
Chose à noter, Alistair Brownlee (UK) a une
cadence de pédalage plus élevée que les autres, c’est flagrant.
Au demi-tour à Hawi, ils sont toujours 4 devant et
le petit paquet derrière à près de 3mn, toujours les mêmes, les gros rouleurs.
Puis comme je le pressentais, l’allemand Maurice Clavel lâche.
Ils ne sont plus
que 3 : Jan Frodeno (ALL), Tim O’Donnell (USA) et Alistair Brownlee (UK),
l’anglais qui disparaît d’ailleurs quelques minutes, il est où ? En fait
il a crevé et reviendra au bout d’un moment. Là, il a dû dépenser une belle
énergie. Pourquoi ne pas avoir attendu le groupe à l’arrière ???
Puis arrive, à mon sens, le tournant de la course.
Vers le KM150, Tim O’Donnell (USA), qui mène la
course, se retourne, sans doute un peu émoussé. Il demande à Alistair Brownlee
(UK) de prendre le devant… Ce dernier ne passe pas.
Jan Frodeno (ALL) alors troisième, a flairé sans
doute le truc ou prend ses responsabilités. Il prend la tête.
C’est même à ce
moment qu’il choisit d’accélérer et de prendre le large. A-t-il senti que les
deux autres étaient limites ?
- Tim souhaite que quelqu’un passe,
- Alistair ne voulant pas passer.
- Y a peut-être un truc à jouer là.
Et voilà que le champion allemand prend le large. Jan
Frodeno (ALL) est bel et bien parti et rejoint la T2 pendant qu'Alistair Brownlee (UK) pète et se fait reprendre par les gros rouleurs.
Seul
Tim O’Donnell (USA) limite la casse et rejoint T2 avec 2mn de retard… Cameron Wurf (AUS) rentre 3° avec
Sebastian Kienle (ALL) dans sa roue.
Et on entame le fameux marathon. Un marathon qui se fera
à sens unique…
Honnêtement, quand je vois le temps de passage de
Jan Frodeno (ALL) sur les premiers kilomètres je suis persuadé qu’il ne tiendra
pas… Cameron Wurf (AUS) semble le plus intelligent et part prudemment. J’en
fais mon favori…
Mais le double vainqueur allemand ne craque pas. Au contraire.
Au semi-marathon, il a creusé l’écart sur les poursuivants.
Tim O’Donnell (USA)
toujours second à 3’, Sebastian Kienle (ALL) à 5’, Cameron Wurf (AUS) à 6’ et
Alistair Brownlee (UK) à presque 8’, le britannique étant parti très vite sur
le marathon (il se croit sur WTS ?) accuse sans doute le coup… Sanders
(CAN), l’homme qui court avec un caillou dans la chaussure n’accroche pas non
plus…
Pendant ce temps, notre unique représentant professionnel Cyril Viennot
(FRA) semble faire un beau marathon et se situe vers la 24° place.
Au KM30, rien n’a changé. L’allemand a l’air
toujours aussi fort.
Il a même creusé l’écart sur ses deux poursuivants
directs.
KM36, rien n’a changé. La messe est dite.
Jan Frodeno (ALL) va aller chercher son 3° titre
mondial… Il regarde d’ailleurs souvent sa montre et semble savoir qu’il est
dans les temps pour battre le record de l’épreuve de l’an dernier, qui
paraissait pourtant intouchable…
Il file vers la victoire et s’impose en
7h51’13’’. Nouveau record !
Derrière lui, Tim O’Donnell (USA) a conservé sa 2°
place acquise dès la fin du vélo. Il passe sous les 8h ! Exceptionnel et
très régulier Tim.
Le podium est complété par un autre allemand, Sebastien
Kienle (ALL)…
Quant à mes pronostiques, Cameron Wurf (AUS) est
5°, Ben Hoffman (USA) est 4° et Andy Potts (USA) finit 14°… Raté !
Cyril Viennot termine 19° malgré un superbe chrono
passant même devant Alistair Brownlee (UK) et Lionel Sanders (CAN)
respectivement 21° et 22°.
Les allemands triomphent un nouvelle
fois !!!!
Un IronMan d’Hawaï Germanique !
Les extra-terrestres dopés :
Et que dire des deux "amateurs" anciens cyclistes...
« Dopés un jour, dopés toujours ! »
C’est le titre d’un article de juillet 2019 de Libération, ici, et il tombe à point nommé
vis-à-vis des « exploits » réalisés par Messieurs Vinokourov et
Jalabert.
Je sais pertinemment en écrivant ces quelques
lignes qu’il va y avoir beaucoup d’approbateurs mais aussi certaines personnes
qui critiqueront les propos.
Néanmoins, un certain Lance Amstrong doit être
quand même assez dégoûté de ne pas être de la partie, en voyant les résultats des deux anciens cyclistes.
L’état de fait est le suivant :
- Vinokourov (KAZ), champion du Monde IronMan et Half Ironman dans son groupe d’âge 45-49
- Jalabert (FRA), vice-champion du Monde IronMan et champion du Monde Half IronMan dans son groupe d’âge 50-54
Une honte à notre sport…
Mauvaise presse pour le
Triathlon ! Et sur les médias, on ne parle que de çà parce qu’ils ont, ou ont eu, une « certaine »
image…
Des anciens cyclistes dopés qui viennent prendre
des titres à des Groupe d’Age (censés amateurs), non, sans rigoler, ça ne gêne
personne ??? Moi si...
Et ce chrono de ouf en vélo de Vino, 4h21, ENORME, 46 ans le type, presque aussi rapide que les spécialistes 10 ans plus jeunes... Puuuffff ! Moi je dis, y a un truc !
Et puis tomber sur ces nombreux articles: "Jalabert, 2ème derrière un autre français"... Désolé, j'ai du mal. Le pauvre Anthony Philippe, justement devant Jaja, ne mérite pas qu'on ne parle pas de lui, le champion en titre.
Cela discrédite notre sport.
Ces gars-là ne sont pas « clean » et jouent sur le terrain « amateurs ».
Ces gars-là ne sont pas « clean » et jouent sur le terrain « amateurs ».
Amateurs, ta sœur oui… avec les belles casseroles qu'ils ont au cul tous les deux…
Certains vont dire « ouais mais chez les
triathlètes PRO, il est peut-être des dopés ? »… c’est çà, « peut-être »,
mais présomption d’innocence, le champion du Monde actuel n’a jamais été accusé
de dopage, lui, n'a pas été jugé pour quelconque affaire sur le sujet.
A bon entendeur...
Je suis partagé entre la fascination pour la performance des uns et la bêtise des autres ...
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