SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

jeudi 29 août 2019

UN IRONMAN "FORT" EN EMOTIONS.


Je voulais presque donner au titre de ce compte rendu: "IronMan Copenhague, je m'en souviendrai !" 
Et c'est ce que pas mal de personnes m'ont dit une fois la course terminée, mais finalement le titre choisi colle d'avantage aux flots d'émotions que nous avons vécus.

Quel IronMan de Copenhague ! 
Un IronMan est déjà une chose en soi, mais, dans les circonstances dans lesquelles je l'ai couru cet IronMan, ce fut vraiment fort émotionnellement...

  • Des émotions parce que quelques jours avant le départ se produit un drame que je ne suis pas prêt d'oublier,
  • Des émotions parce que je suis vraiment prêt et affûté pour atteindre un chrono inférieur à 10 heures,
  • Des émotions parce que j'allais partager avec mon ami Etienne et nos familles respectives des moments inoubliables, mais pas réellement ceux auxquels je m'attendais, mais d'autres, tout aussi importants,
  • Des émotions parce que ces larmes de tristesse, de joie, de "je ne sais quoi" qui se mirent à rouler sur mes joues après la finish line, elles n'étaient pas prévues au programme,
  • Des émotions parce qu'un IronMan ne se calcule pas à l'avance, il est imprévisible, et il nous fait passer par des états que l'on ne peut même pas imaginer...

Quel IronMan ! 
Lisez ce compte rendu jusqu'au bout, pour vivre (revivre pour certains) des moments inattendus...

Il y a eu cette longue préparation sur plusieurs mois, OK, mais mon récit commence lui à J-15. 
Le Samedi 3 Août 2019. 

DEUX ACCIDENTS

J'ai passé des mois à m'entraîner et je me sens costaud en VELO et plutôt solide en CAP, l'allure est enregistrée, 12,5 - 13km/h, prêt à affronter le marathon du monstre, ou plutôt le monstre de l'IronMan... Pour la NAT' tout va bien, j'ai le tempo... 

Samedi 3 Août. J-15.
A 15h... un coup de scie entaille mon genou droit. 



Je file aux urgences. Un point de suture. L'infirmier qui me coud le point me dit que ce sera dur dans 15 jours de pouvoir rouler... Quel idiotie. 
J'avais deux/trois séances VELO à faire dans la semaine, je ne les ferai donc pas, car en montant le genou, la plaie s'ouvre et ne se fermera pas assez vite. Je fais un test devant la maison, ça tire. Je laisse tomber le vélo pour le moment.
Je tente une CAP à J-10. 3x2000m à plus de 16km/h. Nickel, le genou tire, mais ça passe... Je continue à nager avec des pansements imperméables.... tant pis pour le vélo, ça attendra le dimanche suivant... oui, mais voilà ! 

Samedi 10 août 2019, J-8. 
C'est encore 15h. Je bricole et en coupant un bambou, la scie finit sur mon pouce de la main gauche. Ca pisse le sang. J'ai même l'impression que le pouce pend un peu.... Dimitri est avec moi, je lui dis: 

  • "P....n, c'est mort pour l'IronMan"... 

Je compresse au max la blessure, mais ça coule encore beaucoup. C'est bien plus sérieux que le genou de samedi dernier.

On part aux urgences et on fait venir le chirurgien, parce que la plaie est profonde... mais quel con !  Je vous jure, quel con ! Je m'en veux... comme ce n'est pas possible.... 
Le chirurgien arrive :

  • "Le tendon est touché Monsieur, je vous descends au bloc en anesthésie locale, je répare tout çà"... 

Je reste calme... je suis fier de dire à l'infirmier que je cicatrise vite en lui montrant mon genou, recousu il y a une semaine, et que j'ai une grosse compétition dimanche prochain.
Il me dit que pour courir, ce sera bon... je lui rétorque que c'est un Triathlon que je vais nager, faire du vélo et courir...

Son expression en dit long, tout comme sa réponse. Il me répond: 

  • "N'y pensez même pas !"

Je suis descendu au bout d'une heure au bloc opératoire. 
Le chirurgien m'opère. Il commente:

  • "La moitié du tendon est sectionné. Je mets 4 points à l'intérieur pour consolider le tendon. Je refermerai avec 6 points l'ouverture"...

Pendant qu'il opère, on parle de Copenhague, de l'IronMan, lui en train de me triturer le pouce, moi derrière ce tissu bleu pour ne pas voir la couture experte qu'il opère sur mon doigt. Les infirmières écoutent et me font des sourires. Il me dit qu'il n'est jamais allé dans les pays scandinaves et que cela doit être sympa... 

Le docteur ne me dit pas "non" pour la course, par respect sans doute, mais me répète que les points ne doivent pas être mouillés et qu'aucune force ne doit être appliquée au doigt... et que pour faire un Triathlon, il émet de grosses réserves. Pour lui, ce n'est pas possible, mais il comprend mon investissement, donc ne ferme pas la porte avec un NON définitif.
On se reverra lundi qui suit pour enlever le pansement. 

J'envoie la photo de mon doigt à ma soeur qui croit d'abord à une blague. 
Non non, ton frère s'est bien scié le doigt !
Je reste serein, plus serein que mes parents et mes tout proches, mais je suis bien sûr énervé après moi-même. Je garde espoir. 
Le verdict tombera lundi, après ce que dira le chirurgien.

Le week-end est long... tout comme la douche que je ne peux prendre sans aide à cause du pansement sur la main gauche.

Lundi 12 Août, J-6.
15h encore, c'est le rendez-vous chez le chirurgien.

J'arrive avec des solutions. Un gant en latex bleu et un scotch BlendDerm pour pouvoir nager, et un exemple d'attelle pour mon pouce en vélo et des photos de mon cintre aéro qui n'est pas rond, et puis je défends le fait que je reste à 80% en position aéro.

Le chirurgien vérifie la blessure. Il est assez satisfait. 

Je lui déballe mes solutions énumérées ci-dessus. Il écoute. Il n'est pas complètement négatif, me disant que vous êtes assez "grand" et responsable pour ne pas plier votre pouce (aucune force, comme tenir une haltère, serrer un guidon) sinon le tendon recousu risque de ne pas tenir... et pour la mise à l'eau, le gant et le Blenderm semblent le convaincre....
Je repars donc avec un demi-feu vert.

Le soir même je fais une séance de Home Trainer d'une heure.
A J-4, je me tape un fractionné en CAP de dernière sollicitation, 6x500m. 
Ca passe super nickel. Le pouce fait un peu mal, mais ça va. Loulou commente sur Strava: 

  • "Belle allure à J-4, c'est tout bon !"

AVANT LA COURSE

Nous décollons pour Copenhague le Jeudi 15 Août et y arrivons en soirée. L'appartement est super sympa. Je suis fatigué. Vite au lit.

Alors que Loulou est sur la route et doit arriver en milieu d'après midi du vendredi, la nuit de jeudi à vendredi a été horrible. Mon pouce m'a empêché de dormir malgré le doliprane pris en milieu de nuit. Et la matin au réveil, c'est douloureux. J'enlève le pansement. Le pouce est rouge, gonflé, et bleu aux endroits des fils qui servent de points tellement qu'ils me serrent à cause du gonflement... cela ne sent pas bon.



Je vais néanmoins rouler quelques kilomètres pour reconnaître le début du parcours VELO, mais cela ne servira à rien. Je croiserais Ron, dossard 401. Rien n'est balisé, circulation au centre ville ouverte, je fais demi-tour et rentre à la maison sans vraiment savoir par où je suis passé. Tant pis, le risque de crever un boyau est en plus élevé. J'aurais tourné les jambes 1h15.

On décide alors avec Mme BipBip de se rendre aux urgences danoises. Le pouce m'élance. Le médecin me dit qu'il y a une infection, qu'il ne peut pas ouvrir et qu'il me met sous antibiotiques de suite...
Je lui parle de la course de Dimanche, dans deux jours, on est vendredi. 
Il me répond avec certitude que ce ne sera pas possible, il ne faut pas mouiller le doigt et surtout ne pas lui donner de choc et que l'appui sur l'eau risque d'être douloureux...

Le moral baisse. De retour à l'appart', on utilise un vieux remède de grand-mère pour faire dégonfler le pouce. Je le trempe dans de l'eau chaude salée. Au bout de deux, trois bains, ça ira mieux, mais c'est très douloureux au toucher.

Je sors de la pharmacie en ce début d'après-midi, et Loulou et sa famille arrivent. 

On ira retirer les dossards ensemble en centre ville vers 16h30, après une petite photo devant la finish line tant convoitée. J'ai mis un pansement sur le pouce pour protéger...



  • "On va la passer tous les deux" me lance Etienne... J'espère. 

Je fais comme si j'allais prendre le départ. Honnêtement, vendredi soir, je suis incapable de prendre le départ tellement j'ai mal.

Un peu avant la soirée, les bains de sel paient. Du pue sort par un trou proche d'un point. J'appuie pour faire sortir, c'est très très douloureux au toucher. 

Le vendredi soir, comme convenu, on se fait la Pasta Party à la maison avec Loulou et sa petite famille et on parle de la course de Dimanche... Loulou a ses allures, il a l'air un peu stressé, mais confiant dans le boulot accompli en amont. Ca va le faire pour lui, il vise au dessous des 12 heures. Je le sens bien son Sub12.

Samedi matin, au lever, le pouce va mieux. Il est toujours douloureux, rouge, moins gonflé car du pue sort encore un peu... mais, je décide d'arrêter les bains de sel pour ne pas ramollir la peau et pour que la cicatrice se referme plus vite. Dans moins de 24h, ce sera le départ... il faudrait que ce soit fermé.

On mange encore tous ensemble à midi. C'est convivial. 
Dans quelques heures on ira déposer les vélos dans le parc... et à ce moment-là, je ne suis vraiment pas sûr de pouvoir prendre le départ... tout se décidera en deux étapes:
  1. Cet après-midi, si les arbitres m'autorisent à partir avec un gant
  2. Demain matin, si le pouce a une meilleure tête et que cela ne fait pas trop mal, parce que je n'ai même pas eu l'occasion de tester ce que cela pourrait faire dans l'eau.
Samedi après midi, vers 15h30, nous partons donc tous au parc à vélos... assez détendus. 
La pression semble monter sur le visage de champion de Canteleu.



Il fait froid, du vent, de la pluie. On repère la NATATION et je conseille à Loulou de bien nager sur la droite, pas au milieu à suivre les bouées... parce que finalement, c'est légèrement plus court. Enfin, moi, si je nage demain, c'est ce que je ferai.

On prend une jolie photo avec les enfants avant de rentrer dans le parc. Cà c'est pris... Chouette souvenir ! On y était !



Première bonne nouvelle, Caroline, une arbitre officielle m'autorise à partir avec le gant et une attelle au pouce. Elle me propose même de se voir demain matin pour mettre quelqu'un avec moi pour m'aider à enlever la combinaison lors de la transition NATATION/VELO, parce que j'ai fait un test à la maison et c'est un peu douloureux... Je suis content, j'ai juste à contacter Caroline demain matin, elle me propose même de partir tout devant en Natation, après les pros, pour ne pas être trop touché par les autres nageurs... Yeeessss...

On installe les vélos, entourant le cintre et la selle de plastiques, pour ne pas retrouver tout mouillé demain matin.



Ensuite, Loulou m'accompagne et on fait la reconnaissance de la sortie du parc ensemble en marchant. Je note qu'il jette un oeil inquiet sur mon pouce. Il y a du sang sur le pansement, ça coule encore. Je crois qu'il ne croit pas à mon départ demain, et à dire vrai, moi non plus, mais je fais comme si...



On retourne à nos appartements respectifs, chacun mangera ses pâtes de son côté, mais on se donne rendez-vous, demain matin à 5h15 devant chez lui. 
Il m'a promis qu'il m'aiderait demain matin à me préparer puisqu'il a prévu de partir 30 mn environ après moi. Ce sera un gros plus pour défaire les plastiques et préparer la partie nutritive de la partie cycliste.

Nous rentrons nous restaurer. C'est le dernier repas avant la guerre. 

Je prépare méticuleusement mes affaires avant de me coucher, pour que tout s'enchaîne normalement demain matin. Il ne faut rien oublier: les gants, les pansements, les ciseaux pour couper le Blenderm, les antibiotiques (quand les prendrai-je ?)... et bien sûr les affaires de Triathlon. Quelle logistique.
Je me couche, il est 21h45. On verra demain. Je ne suis pas sûr de partir. Les antibiotiques ont fait leur effet, ça va mieux, mais ce n'est pas le bonheur non plus.

LA COURSE, LE JOUR J.

Juste avant: 

La nuit a été courte... le sommeil fut léger. Pour un IronMan, il faut absolument faire des bonnes nuits le jeudi et vendredi, parce que la veille de course, on dort trop peu. Je me lève à 4h25. Je déjeune et prends mes affaires déjà préparées la veille. Le pouce va mieux, un peu douloureux, mais c'est décidé, je tente le départ. 
Mme BipBip, qui s'est levée, me dit "A tout à l"heure", car mes supporters adorés seront là quand je m'élancerai.

A 5h13, j'arrive au RDV. Pas d'Etienne. Il apparaît à 5h18. 
Ca va, on n'est pas en retard. 

Loulou me demande de suite comment va mon pouce. Je lui dis que c'est bon, je tente le départ. On avance dans les rues qui mènent au parc à vélos et on discute... de cette sacrée course qui arrive. 
Etienne sent monter la pression, de mon côté, je suis assez calme... 
Un petit arrêt dans un buisson avant d'arriver au lac me rassure et nous avançons avec beaucoup de monde autour de nous. 
Tous se regroupent en un lieu unique: le parc à vélos. 

La météo est clémente, il n'y a plus de vague dans la baie où nous allons nager.

Arrivés à destination, Etienne m'accompagne à mon vélo. Mon ami, c'est super ce que tu as fait pour moi ce matin là. Je n'oublierai pas ces courts instants ensemble. 
Loulou défait les plastiques du cintre et de la selle, je n'aurai pas pu défaire les scotchs sans me faire mal au pouce, c'est sûr... 
Il sort mes bidons, ouvre les sachets de barres de ravitaillement vélo que je positionne sur le cadre dans une petite sacoche que l'on scratche au cadre.
Ensuite, Etienne me gonfle les boyaux à 7 bars... puis après une petite accolade, il se dirige vers son vélo pour gonfler ses pneus.
Je le rejoindrai un peu plus tard car j'ai encore besoin de lui pour mettre le gant et le BlenDerm autour de ma main blessée...

Je finalise la préparation, nickel ! Petite photo avec le bike et je rejoins Etienne qui a prêté la pompe à un de ses voisins de parc... nous devons remettre le sac à Dimitri près du départ Natation, c'était convenu la veille...



On se dirige vers les racks où sont entreposés les sacs bleus de transition VELO, je dois y glisser mon Garmin à  l'intérieur... 
Etienne reste à mes côtés, tout le temps... j'enfile le bas de la combinaison, puis vient le moment de mettre ce foutu gant et son scotch. 
Loulou m'aide à passer le gant, sans lui, je n'aurai pas pu le faire et colle le Blenderm: trois tours, avec un petit recouvrement pour pouvoir le retirer facilement à la sortie de l'eau.

Merci ! Mille mercis. Ces moments-là avec toi ont beaucoup compté pour moi... Grâce à toi, je vais pouvoir tenter de prendre le départ... un beau moment de partage, de simplicité, d'un peu de stress aussi... 

Pendant ce temps, ma petite famille est en approche du site de départ.



Puis, en vidant le sac, je me rends compte que j'ai oublié de mettre mon compteur vélo... 
Mince, il faut que je retourne à mon emplacement...
Avec Etienne, on se dit à tout à l'heure juste avant le départ... mais malheureusement, nous ne nous reverrons plus. Le SMS qu'il m'envoie pour me souhaiter "bonne chance", je ne le verrai qu'en soirée.

Je donne le sac avec la pompe à Dimitri... puis je sors du parc à vélos pour me diriger vers le départ. 
Il reste encore 20 mn. Je ne tente pas l'échauffement.

J'ai le temps d'embrasser les miens, et de me faire mitrailler par Mme BipBip pour le reportage photos. Dimitri me ferme la combinaison et c'est le moment de les laisser.




Une jolie photo souvenir avant.



Je me dirige vers le départ en demandant aux bénévoles où se trouve Caroline, l'arbitre vue la veille, qui devait mettre quelqu'un pour m'aider en T1 et qui devrait me placer dans les tous premiers au départ.
Malheureusement, je ne trouverai jamais Caroline... et donc je me faufile parmi les pingouins pour me placer dans les tous premiers rangs... moins de 1h06, bonnets rouges.

La pression monte petit à petit. Les pros filles sont parties. Il reste 10 mn.

La musique bat son plein. Du AC/DC et d'autres trucs qui pulsent. Nous sommes tous en rangée de 6, à attendre le départ.
D'habitude, à cet instant, je rentre dans ma bulle, je me concentre, visualise, repense aux moments qui m'ont mené jusqu'ici. Tous ces kilomètres, ces heures de training...
Là, non ! Je ne pense qu'à une chose. 
Vais-je pouvoir nager ? Vais-je avoir mal ?

Mon voisin de gauche voit mon gant. 
  • "What happened ?"
  • "Surgery. Not sure that I could swim... I will try."
  • "Good luck !"
C'est çà, bonne chance... 
Tout le monde tape dans les mains, bras au dessus de la tête, sauf moi, je ne tape pas dans les mains, çà serait con de se faire mal, il reste environ 3mn avant le premier départ des GA, Groupe d'Age.

Puis le compte à rebours commence... tout le monde compte. 
10-9-8-7-6-5-4-3-2-1... 
Bip ! Les 6 premiers s'élancent !



Et ce sera ainsi toutes les 6 secondes... 
Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Biiiiiiiippppp.... 
Allez ! Les 6 suivants...

La file avance... un gars veut partir avec sa copine à ses côtés. Il veut ma place, je la lui cède sans hésiter, mais se trompe dans son calcul alors qu'il ne reste que 3 athlètes devant moi... Je reprends ma place initiale finalement, il partira juste derrière moi... Il me lance "good race"...

Allez encore deux... 
Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Biiiiiiiippppp....

Plus qu'un, et c'est mon tour... je souffle profondément....
Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Biiiiiiiippppp....

Le gars est parti.... 
Il reste 6 secondes... 6 secondes, 6 points de suture, 6 seulement je n'avais pas mal pour nager... le moment approche.

Bip. Bip. Bip. Bip. Bip. Biiiiiiiippppp....
C'est parti... je cours sur le sable, mes pieds rentrent dans l'eau, les jambes, la taille et je plonge...

NATATION: En dedans, tout en prudence. 

Ca y est, je nage, les premiers mouvements de bras sont une découverte... Comment ça va réagir ? Tous m'avaient fortement déconseillé de nager.

Le pouce tire un peu. Un peu d'air est resté au niveau des doigts, et je le sens bien lors des mouvements... Il y a comme une bulle dans le gant. Pas top.



Je nage sans grande fréquence, appuyant d'avantage avec la main valide... Après quelques tests et quelques mouvement de bras, je commence à trouver des marques. Pour être au mieux, il faut que le pouce reste absolument collé contre l'index. Dans cette position, cela fait le moins mal... C'est légèrement douloureux mais sans plus... et au fil de la nage, comme toujours la belle machine humaine s'adapte aux contraintes, je finis par apprivoiser la sensation pour la sentir de moins en moins...

Le pouce collé à l'index, ça a l'air d'aller, mais je suis super prudent à tout ce qui s'approche de mon bras gauche. Chaque nageur est scruté, je tourne souvent la tête à gauche pour regarder si personne n'est sur le point de percuter mon bras... 
Ce sera ma grosse crainte tout au long de l'épreuve aquatique et d'autant plus au passage des bouées...



Je finis par trouver un rythme. 
Mais le gros avantage du gant, c'est que mes supporters ont pu me suivre en visuel très facilement tout au long de la nage.

Après avoir contourné la première bouée, comme conseillé à Etienne, je nage sur la droite, presque esseulé... c'est la trajectoire la plus courte. Et quelques athlètes ont la même idée que moi, mais pas tant que çà. 
Le pont où est inscrit 600m arrive assez vite, et je reste toujours côté plage, écarté sur la droite par rapport aux bouées centrales... 



A un moment deux nageurs m'embêtent un peu. 



Dimitri me le dira le soir: 
  • "Il y en a deux qui n'arrêtaient pas de te couper la route à un moment."
C'est vrai. Je passe par dessus des jambes, puis ils repiquent sur ma trajectoire... bref, je passe bien 30'' à ralentir et bien surveiller mon bras gauche... 
Le second pont arrive, 1200m... 



J'oblique toujours sur la droite, l'eau est très peu profonde, je touche presque le fond avec mes bras tendus et il y a des algues. Mais j'avance bien... 
Ca y est, je contourne la bouée du fond, 1500m, je fais attention à la congestion qui se crée avec les autres nageurs et je vise la bouée au même niveau, qui annoncera le retour. 
Hop ! Elle arrive... 1600m.




Allez, il faut remonter maintenant à l'envers, dans l'autre sens.

De temps à autre, mon pouce se décolle un peu de l'index, et je peux vous dire que cela me rappelle à l'ordre parce que ça fait comme une piqûre à l'intérieur. De suite, je recolle le pouce à l'index et la douleur est quasi insignifiante...

Je me déporte à nouveau sur la droite, laissant tous les nageurs, qui sont sur ma gauche, suivre les bouées au centre de la baie... A un moment, un athlète me passe de la droite, je me mets un peu dans ses pieds, essaie de prendre l'aspiration, mais en accélérant, le pouce me tiraille un peu... je reviens à un rythme moins contraignant pour ma blessure.... 
De toute façon, en visant le bord, je nage plus court.. et donc compense un peu le manque de vitesse.
J'aperçois entre deux respirations ma petite famille qui marche le long de la berge... j'agite ma main droite pour leur faire coucou, mais ils ne me verront pas...
La longue remontée se passe finalement sans encombre, la bouée de demi-tour arrive assez vite, 3200m déjà... 
Dans 600m, je sortirai enfin de l'eau.



Le contournement des trois bouées à suivre, juste avant la sortie, est réalisée très prudemment. Il y a du monde et je n'ai qu'une chose en tête. Ne pas se faire mal au pouce en percutant un bras, une jambe... Je ne me bats pas, je laisse passer quand je sens que ça craint...



Ca y est, je contourne la dernière bouée... Je vise l'arche de sortie, et je commence à visualiser ma transition, qui doit être très prudente... Je sais que je vais perdre pas mal de temps, mais c'est connu à l'avance. Surtout ne pas se blesser... 

Hop ! Je m'extirpe de l'eau, je n'ai pas tout donné, et je suis satisfait d'être indemne parce que l'épreuve la plus redoutée est passée... Je pense être autour des 1h10 (je n'ai pas de chrono, donc à cet instant je ne sais absolument pas combien de temps j'ai passé dans l'eau)... je visais 1h02 sans la blessure.

TRANSITION 1: Lentement, sûrement, et pas comme je voulais.

J'ai du mal à retirer la combinaison. 



Il faut tirer sur le bout de doigts sans utiliser le pouce pour retirer la manche et ce n'est pas évident. 



Je galère pas mal même en passant le pouce sous l'index... Puis finalement, le haut est enlevé.
Je récupère mon sac VELO sur le rack et cours vers l'aire de transition pour se changer... Je parviens à virer le bas de la combinaison, pareil d'une main je ne peux pas utiliser le pouce, et je m'y prends à deux fois... 
Yes, c'est fait...
Et là commence les difficultés...
Je mets une veste manche courte de VELO et glisse dans la poche les antibiotiques qu'il faudra prendre mi-journée... Je mets la Garmin. Les chaussettes et chaussures vélo seront le plus dur à enfiler en fait... j'ai toujours mon gant et je ne peux pas utiliser complètement ma main gauche.
Je mets le casque. OK.

Puis, je m'approche d'une personne de l'organisation pour lui demander si elle veut bien m'aider à enlever mon gant pour me remettre un pansement hydrophobe sur la main... Elle me dit OK. Je retire l'attelle que j'ai mise sur le pouce et attend qu'elle m'aide. Puis voyant la difficulté du truc, je ne sais pas, elle change d'avis et me dit 
  • "No, I can't do it", je ne peux pas le faire....
Pris de court, je remets tout dans le sac, et décide finalement de partir avec le gant sur la main.  La main semble sèche à l'intérieur... Let's go !
Je cours vers la sortie, dépose mon sac, puis file rejoindre mon emplacement où il y a le vélo... 

Je prends le vélo, cours vers la sortie... et c'est parti pour 180kms de VELO.

VELO: content de la manière et de la gestion

J'appuie sur le Garmin. Le compteur vélo lui, n'affiche plus le GPS, mais seulement la cadence et la puissance... ouf ! C'est déjà çà ! 
A peine parti, je me rends compte que je n'ai pas l'attelle sur le pouce. Mince ! Je l'ai perdue ou oubliée ? Tant pis, on fera sans attelle. 



Je bois une gorgée et je me couche de suite sur le Ridley, mes supporters sont là et m'encouragent au passage... c'est parti ! Très heureux de les voir...







Le plan est de ne pas s'enflammer d'entrée... de laisser passer les avions et surtout négocier prudemment les virages dans le centre ville de Copenhague. Ca tourne à droite, à gauche, inutile de prendre des risques. A partir du KM15, je commencerai vraiment à me lancer... 
Je traverse donc la ville assez prudemment. 34km/h de moyenne... tout va bien. Le bitume est de mauvaise qualité, je vais gaffe aux trous, les secousses sur le pouce ce n'est pas trop recommandé.

A peine sorti de la ville, en longeant le bord de la mer Baltique, Ron, un français avec qui j'avais tenté de faire un bout de reco le vendredi matin me passe. Dossard 401. Je lui lance: 


  • "Eh, salut ! Je suis content de te voir"
  • "Ouais, super que tu sois là !"
  • "Tu vises combien ?"
  • "5h20 et toi ?"
  • "Moi, 5h" je lui réponds... "si tu veux on fait un bout ensemble sans drafter. Un passe devant, puis l'autre... Il ne faut pas s'enflammer, c'est encore long, keep cool"...
  • "OK, OK, ça me va !"

Et voilà que Ron se met derrière... Je roule bien couché sur le cintre, pas de douleur au pouce... tout le monde est réglo niveau drafting. Je suis régulier, entre 34 et 42 km/h suivant le profil... je remonte des places...



Ron me passe au bout de 15kms environ, vers le KM30, et il me dit que je roule un peu trop vite pour lui... et qu'il n'arrivera peut-être pas à suivre...

Je repasse devant, le vent est légèrement dans le dos... tout baigne.

KM40, on tourne à gauche dans la campagne danoise, très jolie d'ailleurs, et ce sera une succession de petits toboggans avec un vent légèrement de face...
Je roule bien, la moyenne chute un peu... mais c'est normal, une phrase de Loulou me vient en tête :

  • "Ca monte dans les terres, et après au retour, même avec le vent de face, on s'en fout car c'est assez descendant"

Alors je ne m'affole pas de cette moyenne qui baisse un peu... je roule régulier, passe des athlètes qui moulinent trop, surtout dans les petites bosses... en force, ça passe nickel. Je vais plus vite qu'eux... 

Je roule quelques kilomètres avec une jolie allemande, dossard 560, qui a un beau vélo Look... puis elle décroche.

Enfin, au KM70, on rejoint la grande route qui rentre sur Copenhague, et là, c'est un vrai billard... 
Ron, que je croyais décroché, en profite pour me passer... Etait-il derrière tout le temps ? Je ne pensais pas le revoir... Il me dit: 

  • "Salut, ça va patron ?"
  • "Non, pas terrible, j'ai mal au bide, pas de sensation, l'iso du ravitaillement est trop chargé !"
  • "T'inquiètes, ça va revenir, ça arrive sur ces épreuves d'avoir des moments moins bien."
  • "Oui, je sais, mais je ne suis pas au mieux, je patiente. J'ai pas de bonnes sensations."

KM75, je redouble Ron, bien allongé sur le cintre, je roule à plus de 45km/h... 54x13... Bien... 
Il décrochera car je ne le reverrai plus sur le vélo.

KM80, la bosse du parcours arrive, elle n'est pas très longue, 500m, il y a du monde et de la musique, ça passe tout seul sur la plaque... 
Les danois ne sont pas bons en bosse, je double... 
Comme j'ai encore le ventre un peu en vrac, je décide de prendre deux morceaux de bananes au vol pour manger autre chose que du sucre, car la foutue boisson de l'organisation, qui n'est pas assez diluée, ne m'aide pas.

Mon gant à ma main gauche est gonflé... cela doit être la sueur. Moi qui ne devait pas mouiller le doigt, je crois que c'est raté. La décision prise en T1 n'était pas la bonne... j'aurai dû virer ce gant... oui, mais de la pluie était annoncée, le doigt était au sec... et il n'a jamais plu tout au long du vélo...

Qu'est ce que je fais, je le vire le gant ? Nan, tant pis, il est là, il y reste... j'aurais peut-être dû finalement... 

Après la bosse, c'est retour sur la ville, avec une seule demi-chaussée pour les coureurs... ça a tendance à drafter un peu... la route est trop étroite et je n'ai pas aimé cette portion, face de vent avec en plus un bitume assez dégueulasse.

Arrive alors le point d'intersection. Soit on rentre sur la ville, soit on fait la seconde boucle... ben c'est parti pour un second tour !

On se met rapidement à longer le long de la mer, le vent est encore dans le dos... j'avance bien et le dossard 560, la jolie allemande et son magnifique vélo Look me dépasse... on fait un peu des chassés-croisés, on discute, elle me dit que le temps est parfait aujourd'hui... on roule autour de 40km/h.

Puis je décide d'envoyer un peu plus gros... c'est le moment où jamais au KM120... J'avance bien, le dossard 560 décroche, je ne la reverrai plus du tout... Je frôle par moment les 45km/h jusqu'au retour dans les toboggans de l'intérieur de terres.



Hop ! Ca y est... on y retourne justement dans les terres. La moyenne chute un peu, et la phrase de Loulou me revient une nouvelle fois. Pas de panique. Au retour, les 20 derniers kms sont en majorité en descente...

Je négocie super bien les changements de pente, l'iso au ravitaillement est toujours chargé... je recoupe avec un morceau de banane dès que je peux.



KM140, il reste environ 1h15. Je suis à 3h50 de course... le plus long est passé, maintenant il faut continuer sur ce rythme et même appuyer sur la fin du parcours. Je reprends ma boisson (le second bidon de ma préparation que je garde tout le temps pour la fin) et dès que je suis sur le billard de la grande route, j'appuie. Go.

Je roule bien, mais le vent a forci un peu... il est de face. 
Néanmoins, je suis dans la bonne moyenne. La bosse du parcours est repassée très facile, et juste avant que la route se rétrécisse, un pack de 30 coureurs roulent en paquet. Ca drafte à mort ! J'ai le choix, j'accroche et je fais péter le chrono ou je fais ma course et j'ai ma conscience pour moi...

Je roule sans drafter en les doublant, mais le groupe est plus fort... le paquet finit par s'éloigner dans cette portion que je n'aime pas.

J'arrive à l'intersection... cette fois, je rentre sur Copenhague. Il reste 10kms en ville, à négocier prudemment... 



Je m'allonge, roule souple et réfléchis à ma transition... Enlever le gant gonflé sera ma priorité... il faut faire sécher, ça a bien dû macérer là dedans.

J'évite les trous, m'allonge un maximum sur le cintre sur les belles portions pour gagner du temps, et j'approche de T2. 



Je sors les pieds des chaussures, mes supporters m'attendent... 

Je signe un joli chrono, près de 5h, quasi 36km/h de moyenne... c'est ce que j'avais prévu.



Hop, je saute du vélo et le donne de suite à un bénévole.

TRANSITION 2: Encore du temps perdu.

Je récupère mon sac et le vide au sol. Toutes mes affaires de CAP sont là... J'enlève la veste vélo, glisse un gel dans la poche arrière de la trifonction, puis, je m'assoie et retire le gant bleu... 
Horreur... de l'eau coule sur le sol. Une belle petite flaque... je regarde le doigt... il est aussi bleu que celui d'un schtroumph. Whouaaah ! Il n'est pas beau à voir... au moins en courant, il va sécher...

Je passe très difficilement les boosters aux mollets. Je ne peux pas utiliser le pouce de la main gauche... P....n !!!! Galère ! Je mets les chaussures de CAP, casquette et c'est parti pour le Marathon !

CAP: un Marathon très dur, qui monte et qui descend.

Je m'élance en CAP, j'appuie sur la touche du Garmin....



P...n ! Non ! Quoi encore ! M...e ! il est planté. Planté... ça ne marche pas...

J'informe Dimitri que le Garmin ne fonctionne pas et je l'entends me crier que je suis à 6h23 de course. J'ai un peu de retard sur les prévisions, à cause des transitions trop longues (maudite blessure), mais si je sors un joli marathon, équivalent à celui de Vichy l'an passé, je serai sous les 10 heures !

J'avais prévu de partir sur une allure de 5 mn au kilo, mais je passe mon temps à vouloir réinitialiser le Garmin pour le faire démarrer... Je rate la main de Sacha en sortie de T2, qui pleurera : 
  • "Papa ne m'a pas tapé dans la main"...
Je souffle, ça me gonfle... 



Il faut appuyer 15'' en continu sur le bouton arrêt pour le débugger... il s'éteint. Je cours sans savoir vraiment à combien je cours... honnêtement, j'ai l'impression de ne pas avancer en plus... 
Je redémarre le Garmin... Il plante encore. Je suis obligé d'éteindre encore une fois... et je finis pas le rallumer et laisser tomber...


Voilà que je suis déjà passé par le KM1, sans le savoir, que j'ai fait le tour du bâtiment après le BLOX sans vraiment m'en rendre compte non plus. 
J'ai été obnubilé par ce foutu Garmin et je n'ai rien vu passer... 
Ah siiii, Ron, le dossard 401, qui m'envoie un "Allez Fred !"... 
Ron aura mis 5h10 finalement...

Le Garmin, lui, ne redémarrera qu'après 3kms seulement le bougre !

Juste avant qu'il ne fonctionne à nouveau, je croise Dimitri qui me crie :

  • "Papa, t'es parti trop vite, 4'25'' au kilo"...


Ah ouais ! Si vite, non ? Je n'ai pas eu cette impression. En récupérant le Garmin enfin, je vois que l'allure annoncée est en deçà de mes prévisions, donc j'accélère un peu, et ça passe bien... Le Garmin affichait 5'20'' et en fait, je courais à 4'55''... et en forçant un peu, ben je suis allé trop vite...

Que diable, et les sensations bordel ! Il ne faut pas se fier qu'à la technologie !



En plus, les 6 premiers kilomètres sont une vraie petite galère. J'ai un mal de ventre incroyable, j'ai envie d'arrêter, c'est intenable... je bois des cocas et de l'eau au ravitaillement, ça finit pas s'atténuer, et au KM7, au moment de récupérer le premier chouchou, le jaune, au bout du port, le ventre ne me fait plus mal... c'est passé ! J'ai bien fait de patienter sans abdiquer.



En avant ! Encore 3 chouchous et ce sera l'arrivée...

Ce marathon est infernal entre les KM4 et KM8. C'est une succession de petites montées et descentes qui fait vraiment mal aux jambes, et il faudra les passer 4 fois... le dernier passage sera difficile, c'est sûr ! 

J'adore par contre la partie qui remonte vers l'arrivée, les longues lignes droites en ville. Je passerai pas mal de monde et mon allure sera plus facile que dans l'autre sens, où, on a le vent dans le dos.

Je repasse sous le pont devant ma petite famille. Les enfants m'encouragent, je tape dans les mains de Sacha et Adrien, et Dimitri sur le trottoir court quelques mètres en ma compagnie... 



C'est tout bon, je suis estimé sous les 10h me dira mon grand.

J'entame le second tour... côté descente vent dans le dos, plutôt bien. Je repasse devant ma famille, je suis encouragé, c'est bon pour le moral...

Sacha s'éclate pendant ce temps.



J'avance régulièrement, sans fléchir, je commence à me sentir pas mal du tout. Tout semble aller sur les rails, sauf dans les petites montées vers la fontaine et la petite sirène, sur le port, où les jambes deviennent lourdes.

Hop, second chouchou ! Le vert !
Là je me dis que je devrais bien voir Etienne à un moment... et je l'aperçois. Je lui crie:
  • "Allez Loulou ! "
Il s'approche vers le centre comme avec cette intention de me taper la main, mais je ne joue pas à ce jeu, mon pouce gauche ne tiendra pas le choc... par contre, il me crie un "Stand-up !" qui résonne sur la jetée comme un éclair qui claque ! 

"Stand-up ! Stand-up ! For the Champions, for the champions, stand-up" chante Right Fred Said...



Je continue ma remontée, vent de face, vers la finish line, j'arrive bientôt à la moitié du périple marathon... Les supporters me portent avec leurs voix, et Dimitri me dit:


  • "Papa, encore 1h55 pour faire le dernier semi-marathon !"...

Il me suit encore un peu en courant, je me rappelle avoir serré le point avec rage pour lui montrer que c'est tout bon, car le calcul est vite fait, ça fait 56mn en gros par tour... Yes ! Ca va le faire... 
J'accélère un peu dans la petite descente après le demi-tour devant la finish line, mais le faux plat montant vers le BLOX me rappelle que j'ai déjà quelques kilomètres dans les pattes...

Ca commence à tirailler un peu. Je marche au ravito suivant, eau, coca... et je repars. 
Tout a l'air d'aller...

Je repasse sous le pont où sont nos petites familles, la mienne et celle d'Etienne. C'est le moment où la pluie s'invite sur la course... honnêtement, pour nous, coureurs, c'est super ! 



Les kilomètres défilent sur la première partie du parcours qui nous mène vers le demi-tour à chouchous, mais dès qu'arrivent les bosses, ça ralentit car la foulée se rétrécie. La différence est que maintenant je marche un petit peu à chaque ravitaillement et je commence à prendre des gels que je garde pour les avaler juste avant le prochain ravitaillement...

Hop, troisième chouchou, le rouge ! Allez, je reviens encore une fois ici, et il restera 4kms.

J'aime toujours autant la partie remontante en ville, dans les lignes droites... ainsi que le long de NyHavn... Je passe encore devant les miens, frappe dans les mains, et Dimitri me crie:


  • "56mn ! Papa, tu vas le faire, allez, on lâche rien ! " 

En gros, il faut que je fasse le tour qui reste aussi vite que celui que je viens de boucler... Je prends un petit coup au moral, car je croyais avoir été plus rapide que çà, le dernier tour va être dur à tenir...

Je m'accroche, je passe devant les supporters encore une fois, puis ce sera la Finish Line... Tout le monde me pousse, Adrien, Sacha, Victoire, Solène, on m'encourage...



Malheureusement, je m'arrête aux ravitaillements, les jambes sont dures, je bois en marchant et je repars... je ne perds pas beaucoup de temps, mais comme je marche, je distille gratuitement quelques secondes précieuses, c'est sûr ! 

Arrive la fontaine, elle est dure la montée cette fois, puis les deux petites bosses qui suivent, sur le quai. Elles passent... c'est bon, je tourne au bout et j'ai le dernier chouchou.

C'est fait, je tends le bras pour le prendre... mince, c'est un rouge, je me suis planté, j'ai repris le même... Je prends donc le suivant, le bleu, cette fois c'est le bon, et c'est parti pour les derniers kilomètres décisifs. 
La pancarte affiche 38,1 kms, et c'est à ce moment que bippe mon Garmin. 5'48'' au kilo ! Je suis out, trop lent ! Trop lent !

Comme j'aime la dernière partie à venir, je décide d'accélérer, je n'ai plus le choix si je veux passer sous la barre des 10 heures !
J'accélère dès que je passe la petite bosse et..... 

P....n ! Non, une crampe mollet gauche ! Aïe ! Démarrage trop brutal sans doute ! Non, ce n'est pas vrai... un gars à côté de moi me demande si ça va, je lui dis :

  • "Not really, cramp !"
  • "Shit, but it is your last lap, well done mate"

Oui c'est mon dernier tour, lui, il n'a que 2 chouchous... mais je m'accroche à ce gars, je change ma foulée, ne m'arrête surtout pas, sauf au ravitaillement suivant où j'ingurgite un gel et de l'eau en marchant... je perds encore des secondes...

Je me retrouve dans ma portion préférée, la ligne droite. Et ça revient, ça revient, je reprends de l'allure, même si le Garmin bippe sur 5'30"... les jambes sont lourdes...

Et là, surprise, j'entends Dimitri qui me crie dessus, il a couru pour me rejoindre un peu plus bas que d'habitude... je suis content de le voir là, ça me fait du bien... Tu as été formidable mon fils ! 

  • "Allez Allez Papa, ne lâche pas, allez, c'est bientôt fini !"
  • "Et pour les 10 heures, c'est bon ????

Pas de réponse, il me répète encore de rien lâcher... c'est presque fini. 
Il me dira par la suite qu'il ne savait pas quoi me répondre pour les 10h, il savait déjà que je ne les aurai pas...

C'est à cet instant que j'ai su que mon objectif m'avait glissé entre les doigts. J'étais limite dès la fin du 3ème tour, mais, là, pas de réponse de Dimitri, pas besoin d'explication de texte. Quelle déception. Je serai au dessus de 10h.

Tant pis, je continue, je ne lâche rien, je fais au mieux, les crampes me chatouillent, elles ne sont pas loin, mais je continue, l'allure est assez bonne.

Au KM41, je passe en 9h59 (vu après sur le site IronMan)... 
J'avance, je double quelques concurrents qui sont dans le mal, alors qu'ils n'ont que deux chouchous.
Arrive le haut de la bosse, l'instant où tu fais demi-tour pour continuer la course ou bien tu obliques et file vers la Finish Line.

J'y suis, il reste 150m ! Je m'approche, je n'y vois pas mes supporters, je passe au plus vite sur le tapis... 



L'arche est proche, je mets mon index sous la gorge et mime le glissement d'un couteau sous la gorge... 




Et puis là, mon chrono s'affiche:

10h 03mn 29secondes ! Record personnel ! Mais pas de sub10 !!!!!!









Je me retourne pour confirmer le chrono, un peu dépité, c'est bien 10h03.
J'ai connu des arrivées plus heureuses.



L'instant qui suit est étrange, perturbant, hors du temps. 
Je suis partagé entre deux sentiments contradictoires... Sub10 raté ! Oui, mais il y a encore quelques jours et même hier, je ne savais même pas si je franchirais cette ligne ou pas ? 

Je vois Dimitri qui pousse la foule pour me voir. Je suis près de la barrière, la tête entre mes mains, j'attends qu'on le laisse passer pour qu'il me rejoigne. Par dessus la barrière, on se prend dans les bras, j'ai la tête sur son épaule... et l'émotion monte, je suis en train de pleurer... 

Je pleure, il me console. Les larmes roulent, les sanglots arrivent. Je craque, tout sort, tout ce stress d'avant course (maudit pouce), ces transitions interminables qui me font passer à côté, la fatigue générée par l'organisme et aussi peut-être un peu de soulagement d'être arrivé à finir quand même... 
Je lui dis: 


  • "J'ai raté mon objectif, je n'ai pas mon sub10. Tous ces mois pour çà !"
  • "Papa, c'est super, tu as été au bout, avec ton pouce, c'est bien."
  • "Oui, mais 3mn, 3mn de trop"...

Madame BipBip se faufile et approche aussi... Elle me dit :

  • "C'est super ! Tu l'as fait ! Tu as été au bout malgré tout... tu te rends compte la volonté que tu as."
  • "Tu as raison oui... mais les 10 heures"

Dimitri rajoute:

  • "Tu sais que tu les as les 10h. Sans ton pouce, tu peux enlever 10mn au moins."

Sans doute, mais sur le papier, c'est 10h03. Pas 9h53 ! Sur le papier, je suis encore au dessus des 10 heures.

Je les abandonne. J'ai envie de me restaurer, me mettre au chaud, car il pleut. 



La couverture de survie sur les épaules ne suffit plus.

Je pars les yeux dans le vague avec une énorme frustration. J'ai beaucoup de mal à accepter, mais de toute façon, je n'ai pas le choix. Je ne peux revenir en arrière.
Accepter que l'on ne bricole pas à deux semaines d'une grande course alors qu'on n'est plus aussi lucide après des mois d'entraînements fatigants, accepter que la course est la course et que de toute façon, j'ai fait au mieux avec les moyens du bord.

L'aire après-course est une catastrophe. L'organisation IRONMAN d'habitude si bien huilée, ben là, c'est zéro pointé. Rien pour se changer à l'abri, très peu de douches, un sale bol de riz avec des haricots rouges pimentés pour se réconforter et sous la pluie en plus... parce qu'il n'y a même pas de tente pour s'abriter...
Je m'habille alors très vite pour rejoindre les miens et encourager Etienne qui est encore sur la course... je lui dois bien çà, avec tout ce qu'il a fait pour moi.

Néanmoins, au final, je termine: 

  • 42° en GA sur 467 partants, 402 arrivants.
  • 327° au scratch final sur 3200 partants et 2587 arrivants.
  • Je rentre encore dans les 10%. J'ai quand même laissé du monde derrière.
  • 36km/h en vélo, 3h41 au marathon qui est bien plus difficile que celui de Vichy et ceci en partant trop vite...

Ce sont de maigres consolations, mais cela mérite d'être souligné.

On descend vers le pont pour pousser Loulou dans ses retranchements.. avec le tracker, on sait où il se trouve et il ne devrait pas tarder à passer devant nous. Je me dépêche un peu même si j'ai du mal à marcher... 
Loulou passe, on se tape dans la main, je l'encourage... 


  • "Allez, encore un chouchou et tu arrives ! Go Sub 12 !"
On le suivra sur le tracker, on l'attendra sous la pluie, et on constatera que l'allure baissera de plus en plus... Attendre est long, je n'imagine même pas comment cela a dû être long pour nos deux familles... Je suis bien sûr un peu émoussé. Les jambes ont du mal à me porter. Oui, l'IronMan a laissé des traces.



Loulou n'est plus très loin, il est dans le dernier kilomètre et bien entendu, on espère tant le voir arriver vite, mais ces minutes sont interminables...

Puis, le voilà, c'est à lui d'aller couper sa finish line, la seconde pour lui !

Il tape dans les mains de ses proches, il semble un peu "out of space" mais si heureux... 

Les deux mains sur la tête, il accélère, il vient de voir son chrono sur l'arche... 11h46mn... une perf' incroyable, 1h15 de gagné par rapport à l'IronMan de Vichy... avec ce marathon, comme juge de paix, comme toujours, juste en dessous des 5h. 
Il est si content, il n'en revient sans doute pas, et je le vois filer vers le fond de l'aire d'arrivée réservée aux athlètes sans penser à prendre son T-Shirt.

Il est sur son petit nuage... j'espère qu'il y restera encore un moment.
Le dossard 2004, l'année de naissance de sa Victoire, lui aura porté chance... Enorme !

Je le rejoindrai un peu plus tard dans l'aire de repos grâce à mon statut athlète. Je le vois. Il est en train de se restaurer... 
Je m'assois près de lui. Il est heureux, heureux... il m'offre son chouchou bleu, j'ai bien compris que tu étais allé le chercher pour moi celui-ci, mais je ne le prendrai pas. Il fallait que tu le gardes en souvenir... c'est mieux.

On échange sur nos deux destins de course : il est heureux de son temps NAT et VELO. Heureux tout court de sa perf'... Je lui apprends qu'il me manque 3mn.

Quelle journée ! Tu avais raison Loulou, on l'a franchie tous les deux cette ligne et de belle manière !

Les jours qui suivirent furent difficiles pour nos cuisses, mais, légères pour nos têtes... L'objectif de Loulou atteint, le mien "virtuellement" seulement !

Voilà ! Que d'émotions ! Je vous l'avais dit ! 



L'IronMan est une fin en soi, et la faim justement donne envie de se remettre à table.


REMERCIEMENTS:

Avant de terminer, je voulais rajouter que je partage avant tout cette performance avec ma moitié, qui me supporte et me soutient. Tu n'as jamais émis d'avis négatif sur ma participation malgré l'accident et l'opération, et pourtant, il était moche ce pouce à 48 heures du départ... 
Merci de ne pas avoir douté de moi, de m'avoir fait confiance et surtout d'avoir toujours été à mes côtés... 
Grâce à toi, je peux vivre ma passion dévorante pour le Triathlon au quotidien malgré quelques petits sacrifices. Tu es la meilleure... ne change rien. 

Et puis mes garçons ! Des moteurs ! Inutile de vous dire que je ne serai pas aussi solide sans Dimitri, toujours à fond derrière son Papa, et bien entendu sans Adrien et Sacha qui croient depuis toujours que leur papa est le plus fort du Monde !


Merci à mes parents qui connaissent mon tempérament et qui, des fois, imaginent que j'en fais un peu trop et qui se sont fort justement inquiétés de mon possible forfait... je ne vous ai pas informé des complications du doigt avant la course, je voulais vraiment garder des ondes positives et me concentrer sur mon événement.

Merci à ma soeur, Sandrine, qui inonde son FaceBook pour crier qu'elle est fière de son frangin. Génial !


Un énorme Merci à toi Etienne. Tu as joué un grand rôle dans cette avant-course. Tu as su trouver quelques mots qui te sont propres et qui me touchent encore... Je citerai parmi ceux ci qu'un seul mot: "exemplaire". Merci l'ami. 
Et surtout continue à placer ta petite famille, comme une priorité dans ta vie sportive, cela va te permettre de passer encore un cap dans ce sport. Tu marches aux sentiments et à l'affectif ! Une mayonnaise qui a l'air de bien tenir en tout cas.


Un grand Merci également à mon pote Adrien du HAC... Adrien, ça m'a fait un bien fou de te parler, surtout cette semaine avant course, après mon opération du pouce. Tu avais connu des blessures toi aussi avant la course et ton expérience, tes conseils m'ont aidé dans certains choix. J'ai presque eu le sentiment que tu partais avec moi sur la Natation...


Merci à Chris de ChrisBike64 pour avoir réglé le Ridley comme une lame.


Merci aussi à mes partenaires d'entraînement : Agathe, Emma, Marie, Dimitri, Chris et Bastien, Matthieu, Marc, Jean Michel et encore Christophe pour les quelques kilomètres en vélo que nous avons fait ensemble... ils s'additionnent à ceux faits dans cette préparation, et vous étiez là avec moi... à partager quelques gouttes de sueur...


Merci encore à vous tous, qui me suivent de près ou de loin, sachez que vous êtes un vrai moteur sur une course comme celle-ci. On fait bipper une puce en y pensant fortement: Chris en vacances près des dunes en Vendée, Yves, Hervé, Y4nn1ck, Julien, Krik et tous les autres...

Merci à certains collègues de travail, David en particulier, pour le temps que tu as pu m'accorder dans cette préparation IronMan. Tu sais qu'il n'y a pas que le boulot dans la vie, et heureusement... les balles de golf d'abord !

Merci à Vincent, pour le live sur FaceBook, je vais le recopier ici pour vous montrer comment Vince est un addict du live... Mention spéciale pour toi, tu as impressionné ma moitié :



Enfin, pour finir, voici les commentaires d'après course laissés sur FaceBook.

    • Tisserandet Mickael Bien joué, te restes plus qu'à miser sur une grosse prépa CAP pour finir fort les 10kms du marathon et passer les 10h, tu vas pas lacher comme ça! A barcelone ça va passer les doigts dans le nez😀💪
      1
    • Etienne Duval 6 points de sutures, c'est au moins 6 minutes de plus à l'arrivée et encore...

      On le sait. A J-15 : tu descendais bien en-dessous de cette barre. 


      C'est vraiment exemplaire cette manière de gérer l'avant-course que j'ai eu le plaisir de partager avec toi. 

      Comme dans tout sport, le destin s'en mêle. 

      Comme je te l'ai dis, je suis certain qu'il vous (car j'inclus Dimitri) vous sourira bientôt 💪
      1
    • Sandrine Reynouard Ep Buffet Pas honte à avoir pas de regret non plus certe trois minutes mais bon l exploit car pour moi s en ai un reste magnifique et exemplaire pour tes ballons d oxygène que tu dis mais aussi pour nous tous.. la prochaine sera la bonne car je sais, je te connais tu es mon frère, tu ne vas pas en rester là 😘😘😘😘. Bonnes vacances maintenant
    • Mickael Grasmuck Bravo fred..très beau chrono
      1
    • Eric Salaun Un grand Bravo Fred! On comprend ta déception, mais ton chrono est tout de même impressionnant. Bravo 🎊 !!
      1
    • Perier Antoine T es trop fort ! Félicitations !
    • Yannick Cario Bravo ! Une course Solide !!! Impressionnant
    • Trijay Lehmann Bravo magnifique chrono
      1
    • Xavier Ours Compte tenu des conditions, c'est remarquable, Fred. Bravo ! Tu es à 2 doigts du sub 10, ce sera donc pour la prochaine fois.
      Bilan: que du positif ; tu t'es dépassé et tu as un nouveau record...3 petites minutes à bouffer la prochaine fois : que dalle...et une grosse explosion de plaisir à venir ! 👍🙂
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      • Fred Reynouard Calcul rapide. 209" sur 36209" écoulées. 0,57% de l'objectif. Not far. I know you love maths. 😋
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      • Etienne Duval Tes capacités ne posent de question à personne. Mais celle qui se pose maintenant aux amis est la suivante : vas-tu attendre Wisconsin 2020 ou te lancer sur un proche (en temps et en distance comme Barcelone) d'ici la fin de l'année ? 🤔

        C'est ce que tu as fait en t'alignant sur l'Ironwalles, comme tes fans le savent 😇
        Dépouillement des réponses à Tivoli cet après-midi 😉
    • Christophe Mousquès Bravo Fred machine😉🥇🏆👏
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    • Boullier Adrien Mon fred tu sais très bien pour la suite ça passera !!!!!!!!
      1
    • Vincent Pac Hello Fred je t ai envoyé tes temps passages en foto sur messenger
      1
    • Bleiz Er Mor Bravo Fred! Très costaud ce résultat ! Dima et Adrien peuvent être fiers de leur papa!!!💪💪💪
      • Fred Reynouard Sans doute, surtout après les conditions d'avant course qui étaient loin d'être favorables. Je m'en souviendrai de celui-ci. Bises à toute la famille...
    • Jacques Mignot Bravo Frédéric tu n es pas loin de ton objectif. Bises à toute la famille
    • Quentin Buffet T’es le meilleur tonton :)❤️
      1
    • Rahebar Basha Super Fred !! Toujours aussi déterminé !! Continue comme ça Fred je suis sûr que ça passera au prochain IM. Encore bravo 👏👏👏
      1
    • Julien Clery Bravo Fred Reynouard. Et un de plus !
      1
      Répondez...

    • Hervé Darques Bravo ! Bravo ! Bravo !!
    • Patrice Hiriberry Solide! dommage pour le sub 10! Bonne récupération.

38 commentaires :

  1. Énorme Fred tu es un guerrier,belle perf avec cet handicap. Merci de me faire confiance pour le bike, c'est important pour moi que le le bike soit au top et que cela participe à ton objectif. Allez un nouveau challenge t'attend et on sera là pour le relever 😉 avec toi en mettant nos compétences.

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    1. Oui, tu fais partie d'une des parties cachées de l'iceberg, mais sans un matériel bien réglé, rien n'est possible.
      Je te remercie encore pour ta disponibilité, ton professionnalisme et surtout ta gentillesse.
      Une perf' c'est un travail d'équipe, même dans un sport individuel.

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  2. Nathalie Piedfort30 août 2019 à 12:35

    Et bien ! Quelle aventure et quelles galères !!! Pour le coup, je n'ose pas mettre un like. Le pouce doit être banni de ton vocabulaire. J'espère Toutefois qu'il va mieux et que tu as retrouvé une meilleure mine...

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    1. Merci Nath ! Oui, ça va mieux, je retrouve un peu de mobilité. Boujou bien.

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  3. Mika Tisserandet30 août 2019 à 12:36

    Chapeau, de l'abnegation à revendre! Ton chrono sous les 10heures sera le point final et ce ne sera que plus beau, il arrivera!

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    1. C'est dans mes cordes, j'en suis convaincu... je te rejoindrai ainsi dans le club des Sub10.. Tu es jeune Mika, tu as moyen d'aller chercher plus bas encore.

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  4. Un régal ce compte rendu, encore Bravo pour la course, mais aussi pour cette force qui t'a permis de surpasser la douleur ! tous ces petits moments de courses, d'euphorie, de difficultés que tu décris me rappel tellement de souvenirs incroyables qui font le longue distance !

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    1. Content que cela t'ait rappelé des souvenirs. A toi de t'y remettre. Anything is possible.

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  5. Yves Thersiquel30 août 2019 à 12:38

    Chapeau bas Fred.. Que d émotions!!

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    1. Merci Monsieur Yves
      Des chances qu'on se recroise sur un CdF jeunes en 202

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  6. Sandrine, ma soeur30 août 2019 à 12:38

    Encore un beau recit et des émotions aussi en le lisant.....encore bravo frangin

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  7. Etienne Duval, Loulou30 août 2019 à 12:40

    Comme tu l'écris, je marche* "aux sentiments et à l'affectif !".
    Tu as (encore) fait mouche.
    On avait cette envie de se revoir et de partager ce moment ensemble. C'était "juste" top, comme disent nos jeunes.
    Désormais, "juste" cette envie de s'y remettre pour passer nos barrières respectives. "Juste" cette certitude qu'on aura d'autres occasions de retrouvailles heureuses.
    Oui : il était vraiment fort cet Ironman.
    ------------
    * faudra bien que j'arrive à plus courir sur le marathon IM d'ailleurs

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    1. Etienne, encore une fois merci pour tout... Dommage que je n'ai pu te donner une petite tape sur la fesse gauche pendant le marathon comme nous l'avions imaginé. Nous n'étions pas assez synchros sur le temps qui nous séparait. Je vois bien ton ami Quenotte faire partie d'une nouvelle aventure à tes côtés.

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    2. Etienne, Loulou30 août 2019 à 13:21

      Pourtant, j'ai bien essayé de ralentir à ma manière, pour bénéficier de cette tape

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  8. Très moche ce pouce, tu reviens de loin Fred, mais c'est passé parce que tu étais affuté comme une lame de rasoir. Très beaux moments de partage avec Etienne et bien sûr avec ta petite famille. Pas de regret à avoir, tu as fait un Ironman de costaud dans ces conditions. Le prochain sera le bon....

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    1. ves, tes mots sont toujours justes... l'expérience, la sagesse. Mais tu sais, un compétiteur reste un compétiteur, à la recherche d'une course parfaite, "sans handicap", car cette fois, il y en avait un de taille quand même... Ca fait "scier" comme tu disais avec humour... Maintenant, si j'avais passé cette barre des 10h, j'aurais sans doute été à 90% satisfait, j'aurai eu moyen à penser que sans le "handicap" justement j'aurai pu aller chercher la marque encore un peu plus bas... l'éternelle recommencement, le mythe de Sisyphe;;. On est des humains, pas des machines.

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  9. Bravo FRED magnifique...
    Félicitations de toute la famille
    Quand je serai en difficulté en vélo je penserai à toi.... Merci

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  10. Quelle course quelle intensité quel shoot émotionnel! Tu as tout pour cette course tu l as dans les gènes. Mais surtout tu fais parti de celles et ceux qui la respectent dans une époque où l'état d esprit dans ce sport à changer.

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  11. Superbe CR comme toujours. Déjà que je trouvais ton temps énorme ! Mais là avec tes problèmes d'avant course, tu es devenu un monstre. Je pense que c'était une grosse folie de prendre le départ. Maintenant repos et "réparations".

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    1. Des IM tu en as vaincu pas mal toi aussi, EmbrunMan Altriman... pas aussi vite certes, mais des costauds
      Ne dis pas à ma moitié que je suis un monstre. J'aurais tellement aimé courir sans cet handicap disgracieux

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  12. Quelle belle expérience de vie ! Tu t'es surpassé, Fred... une fois de plus.
    À lire ton très joli récit, le sub 10 est vraiment à portée de main.
    Quand j'ai eu fini ton récit narratif palpitant, j'étais épuisé et j'avais presque des crampes, pour te dire comme j'étais dedans !

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    1. Content que cela ait terminé tes vacances scolaires sur un effort intense, entre la sieste et quelques exercices bien placés.
      Tu vas pouvoir te reposer maintenant, c'est la rentrée.
      Pour les crampes, bien boire et magnésium.

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    2. Je vais essayer de suivre les conseils de Dr Fred pour que les crampes se dissipent.
      Prends toi aussi le temps de te reposer un peu et laisse notamment au ligament de ton pouce le temps nécessaire pour se ressouder en plein avant de reprendre les entraînements à fond.
      En tous les cas, j'ai trouvé très chouette ton récit : tu as un réel talent de narrateur... pour un peu, je me serais vu au milieu de la foule des athlètes...c'est tout dire ! Mais t'inquiète, j'ai doublé mes siestes depuis cette lecture sportivement déraisonnable pour mon organisme de fonctionnaire et suis à nouveau au top de mon inactivité

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  13. Impressionné ! bravo pour ta capacité à donner autant. Il en faut de l'entrainement, de la persévérance et du mental ! Mais je ne voudrais pas dire... Au cas ou tes ami.e.s ne le sauraient pas, tu es dopé !! Oui, dopé par une superbe famille :-)
    Récupère bien et à bientôt. Bises à toute la famille.

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    1. Des ballons d'oxygène oui... Merci Dima pour le compliment sur ma petite famille. Beaucoup de choses sont plus faciles quand tout le monde est impliqué dans le projet

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  14. Nous sommes très fier de toi, comment ne pas l'être !!! Après tous ces entrainements nous te savons déçu mais les conditions n'étaient pas optimales. Sous les 10 h la prochaine épreuve sera la bonne nous y croyons fermement te connaissant tenace pugnace combatif. Merci pour ce formidable commentaire passionnant comme si on y était. BRAVO Fiston

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    1. On est (nait) ce qu'on devient... L'ADN initial est d'excellente qualité. Vous n'êtes qu'à l'origine de ces performances. Merci. A bientôt et prenez soin de vous dans la chaleur provençale.

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  15. Quel super CR et toute mon admiration pour ton courage. Beaucoup aurait déclaré forfait à ta place et je suis sur que le prochain tu le feras en 9 h 45. Encore félicitations

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    1. Merci Inconnu... ce serait une marque qui me réjouirait. Je signe d'avance.

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  16. Je suis admiratif de ton courage, je n'étais pas au courant de tes blessures. Chapeau et respect, tu vas vite passer sous la barre des 10 h 00. Bises à Oksana et aux garçons

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  17. Merci Jacques. Beaucoup de personnes auraient renoncé mais entre les longs mois d'investissement et le fait que je lâche rarement ce que je souhaite, j'ai serré les dents, tenté de partir pour voir si ça pouvait tenir... Dans la vie, il vaut mieux avoir des remords que des regrets... Bises à tous les deux... si vous passez par le Sud Ouest, n'hésitez pas à vous arrêter.

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  18. Quel courage et quelle abnégation! Ce CR est magnifique tout comme ta course. Tu sembles tellement lucide pendant ta course qu’on croirait que c’est simple pour toi mais derrière il y a des années d'expérience et des mois de préparations.
    Bonne fin de saison ��

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    1. Tu as raison, quelques années derrière moi, mais il ne faut pas imaginer que je trouve cela simple. Il y a des hauts et des bas.... le plus dur, ce n'est pas la course, c'est la gestion du quotidien pour caser tous les entrainements, entre famille, vie sociale et vie pro... mais tu sais tout cela. Merci de passer par ici régulièrement.

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  19. Fred, te lire s'apparente presque à l'effort d'un longue distance !
    Mais quelle détermination ! !! Joli chrono cap!
    J'ai connu la même infortune que toi début juillet (index droit sectionné par un taille-haie). Malheureusement le chirurgien ne m'a finalement pas opéré minimisant la blessure. Résultat, j'ai retrouvé de la mobilité mais aucun sensibilité (impression de doigt mort!). J'avais programmé un half 15 jours après. N'étant pas encore inscrit, je ne l'ai pas fait (pansement, antibio...) et j'ai opté pour un tour de la Bretagne à vélo avec des copains (1000 km en 6 jours et 10 000m D+)!
    Je crois que nos efforts sportifs nous renforcent physiquement et mentalement!
    Bravo pour ton exploit!!!

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  20. J'aurai aimé être un pue plus "A DooooooonF!!!!!" en TRANSITIONS et en NAT, mais le destin en a voulu autrement. J'ai bien fait d'être opéré alors, j'espère bien retrouver la sensation à mon doigt. Tu es prêt pour Embrun Philippe, avec les 10000 D+. Une idée en passant...

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  21. Un grand BRAVO à toi tant sur la performance que la qualité rédactionnelle. Sacré mental mais sur ce point j’en doutais pas une seconde ! Combien auraient jeté l'éponge ... ‌ « les chiens font pas des chats » Tu t’interrogeais sur la capacité qu’avait eu Dimitri à finir avec une clavicule cassée ... Tu as en parti la réponse ! En tous cas tu n’en gardes que des choses positives : bel exemple pour les jeunes générations en effet sur le plan sportif mais pour la vie en général. À bientôt JM

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  22. C'est toujours un plaisir de lire tes CR, je suis à fond dedans... Oui je sais tout cela et je sais aussi que je ne peux pas me permettre de "tout caser" comme tu dis.

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  23. Salut Fred, un grand bravo pour cette belle performance ! Ton récit nous fait vraiment resentir toutes les émotions que tu as vécues et on sent bien l'importance du soutien de ta petite famille. On espère que tes blessures cicatrisent bien et on en est certain la prochaine fois tu l'auras le sub10. A bientôt Mathilde & Fabien

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