SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

lundi 16 avril 2018

APPRENDRE... MAIS PAS COMME CA.




  • C’est l’histoire d’un papa qui fait du Triathlon depuis les années 80. 
  • C’est l’histoire de mes garçons qui ont le goût du triple effort et qui se font plaisir dans ce sport. Pour ceux qui lisent le blog depuis longtemps, ils savent exactement quelle est notre philosophie du partage sportif en famille. 
  • C’est l’histoire de jeunes athlètes qui ont des étoiles dans les yeux quand ils vont chercher une qualification aux Championnats de France et qui la décroche.
  • C’est l’histoire de parents qui souhaitent bien entendu le meilleur pour leurs enfants. 
  • C’est l’histoire de parents justement qui co-voiturent pendant de longues heures pour se rendre sur des épreuves nationales. 
  • C’est l’histoire d’adolescents qui s’amusent et se font plaisir en faisant du sport, enfin ceux qui n'ont pas le melon, parce qu'il y en a, mais ceux-là je ne les compte pas. 
  • C’est l’histoire de clubs de Triathlon, aux budgets modestes, avec leurs écoles ou pas, qui partagent une passion avec tous leurs jeunes, qui investissent et arrivent à mettre en avant quelques petits athlètes pour donner envie aux autres et les tirer vers le haut.

C’est enfin, pour y venir, l’histoire du Duathlon de Bondoufle. Un Championnat de France de Duathlon Jeunes qui aurait pu être un peu plus digne d’un vrai Championnat de France.

Dimitri est minime 1. L’an dernier à l’Aquathlon France, il terminait 7ème en signant le meilleur chrono CAP. 
Il avait donc les moyens d’espérer et pas trop mal figurer sur cette épreuve XS (2.5kms CAP / 10kms Vélo / 1.8kms CAP). 

L’objectif de Dimitri était noble et atteignable. Je le cite avant la course : « Je suis ici pour apprendre, ça serait bien un top 40 »…

Bonne analyse… et justement, comme il est minime 1, du mois de Décembre en plus, et que certains athlètes ont déjà des allures de grands adolescents parce qu’âgés de presque deux ans de plus, tout coule de source. 

Les consignes sont simples : je cours à mon niveau et en vélo, je reste avec un groupe. Je ne fais pas comme pour la course de qualification où je roule tout seul en tête et puis personne ne prend de relais pour rattraper celui qui est devant.

« C’est le jeu ». 
Pour tout vous dire, je ne l’aime pas du tout ce jeu, car je suis archi-méga contre le drafting, mais la FFTri pour les championnats de France autorise le drafting. OK. Mais à quel prix ! Vous allez voir…

Allez ! Place à la course !



Dimitri est motivé, dans sa bulle… il est dans le SAS 2 sur la piste d’athlétisme du stade de Bondoufle. Très beau stade qui permet de voir tourner les athlètes sur la partie pédestre et de suivre la course de bout en bout…

Tout le monde se place sur la ligne de départ… Gooooo…. et ça part ! Vite, très vite…



Dimitri est très bien positionné. Il ne s’enflamme pas. Certains partis en sur régime commencent à flancher vers les 1500m de course… 



Dimitri reprend à ce moment-là des places… un petit trou se creuse. Il est en tête de la cassure… 


Je suis là au bon endroit et lui demande de faire l’effort maintenant pour revenir sur la fin du premier paquet qui semble se détacher, afin d’espérer ne pas être trop largué sur la partie vélo et se retrouver tout seul intercalé. Il fait l’effort et colle au groupe assez facilement. Tout se passe bien. Nickel.
Sa transition est très bonne… Il fait partie du bon groupe lorsqu’il sort de T1. Super ! C’est parti pour le vélo.



Tout le public et supporters se déplacent vers le demi-tour vélo. Après quelques minutes d’attente, les premiers reviennent en paquet, une bonne vingtaine d’unités. Je cherche un casque vert et noir. Pas de casque vert et noir. Il n’est pas là. Il a dû décrocher, il faut dire que ça roule assez vite… Pas grave.

20 secondes derrière, un second groupe d’une quinzaine d’athlètes. Dimitri doit être là. Ben non, pas là. Mince. Il a décroché ou quoi ? Un troisième groupe arrive… toujours pas de Dimitri !!! C’est inquiétant là… trois cyclistes isolés passent, toujours rien… Encore un quatrième petit groupe de dix. Absent ! Enfin sur le cinquième groupe, il est là… Il a du se passer un truc, ce n’est pas possible... il ne peut pas avoir « explosé » comme çà.



Bien entendu au retour en T2, les mêmes groupes à quelques unités près repassent et s’engouffrent dans le stade… Dimitri est là, toujours dans le 5ème paquet, où il accélère pour se placer en tête. Il est loin de la tête de course, mais il est là…
Ses transitions sont rapides comme toujours, et il s’élance à pied… 



Il reprend quelques places. Je l’encourage. Il ne lâche rien pour bien figurer… Il n’a pas la tête des bons jours, pourtant il était si bien au début… Il m’avait dit à l’échauffement : « Papa, j’ai de bonnes jambes »… 

La fin de course arrive… il entre dans le stade pour finir difficilement ce dernier demi-tour de piste. 



Ce n’est pas son habitude. Cette allure ne lui correspond pas… Voilà, c’est fait. Il coupe la ligne… puis des larmes arrivent… ce n’est pas lui çà…




Bilan : chute en vélo… Hanche droite abîmée, poignet droit douloureux et enflé, égratignures au mollet… Que s’est-il passé ?

Un jeune devant lui est tombé. "Je n’ai pas pu l'éviter « le boulet »" il dira. Trois vélos venus de l’arrière sont ensuite tombés sur lui… Certains d’entre eux ont abandonné, un a jeté son vélo de rage au sol. 
Lui, non, il a remis sa chaîne qui a déraillé, les mains et les avant-bras en ont encore les traces, et il est reparti… pour finir. Au courage… avec cette adrénaline qui surgit lorsqu’on est bien énervé et qui s’effondre brutalement, une fois le coup de nerf passé, et qui explique son arrivée inhabituellement lente en CAP… 

Bravo Dimitri ! Tu as été au bout…
Bravo oui ! Mais à quel prix !

Car voici maintenant l’envers du décor… J’ai passé avec certains parents, qui me liront peut-être, presque une heure à l’infirmerie dans l’antre du stade… Elle était déjà bondée l’infirmerie après les deux courses minimes filles et garçons. Dimitri s’en sort bien avec son poignet douloureux sur lequel on a appliqué de la glace… parce que, honnêtement, ce n’était pas très beau à voir. 
Il y avait près de 15 athlètes blessés. Raison : des chutes en vélo ! 
Une jeune fille a une cheville cassée et ressort avec un plâtre de fortune, une autre avec sa jambe qui n’était plus dans l’axe (elle s’est effondrée quand elle a vu qu’elle n’était plus alignée me dira Dimitri) et qui est partie sur civière dans une ambulance, une côte cassée pour un jeune et beaucoup de bleus, de bosses, d’ecchymoses pour pas mal d’entre eux !!!!

Alors oui, côté tribune et piste d’athlétisme, ce Championnat de France avait du cachet, mais dans les zones d’ombre, je peux vous assurer qu’il y a eu de la casse chez les jeunes…

Vive le drafting !
Alors oui, j’ai écrit un peu plus haut, que c’était la « règle du jeu ». Certes ! La règle est la règle. Dimitri n’a pas eu de chance. Il était au mauvais endroit au mauvais moment, comme on peut l’être dans la vie de tous les jours. 
OK. J’accepte. 
Et je n'aurai sans doute pas écrit ces lignes si mon grand avait atteint son objectif et que je n'étais pas passé par l'infirmerie, comme 95% des personnes présentes d'ailleurs. C'est évident. C'est la loi du sport... 

Mais honnêtement, comment peut-on laisser des jeunes (pas la WTS hein, je parle bien des jeunes) rouler en paquet sur une seule moitié de route? 
Trois cyclistes de front en tête d’un groupe occupent déjà toute la demi-chaussée. Alors comment fait-on pour doubler dans ces conditions ? Comment peut-on arriver à faire rouler 25/30 unités sur une moitié de route… avec bien entendu le risque de croisement de paquets.

Petite parenthèse pour avoir vu la course Elite du matin, les deux paquets de tête de 30 coureurs roulant à plus de 50km/h, sur une demi-chaussée, en train de doubler les deux derniers vétérans de la course XS qui entamaient à peine leur vélo à 20km/h, était une chose impressionnante à voir. Alors que le train lancé à toute vitesse passait à ce moment-là devant nos yeux ébahis, on entendait les personnes crier : « attention, restez bien à droite, les premiers arrivent»…

Alors la FFtri n’est pas la société du Tour de France. Certes ! 
Mais ce n’est pas non plus la première fois qu’elle organise des Championnats de France… non ?
Pourquoi ne pas faire :
·       une boucle en sens unique,
·       sans ces demi-tours risqués et ces relances hasardeuses,
·       sur toute la totalité de la largeur de la route,
·       entièrement fermée,
pour permettre aux athlètes de rouler plus sereinement…

C’est si difficile que çà de trouver un parcours à sens unique ? Personne n'a pensé qu'un paquet de cyclistes sur une demi-chaussée, ça fait juste quand même non ?

La sécurité des athlètes doit être la première de toutes les priorités et surtout des jeunes athlètes qui n’ont pas les réflexes d’un adulte aguerri… Désolé, mais niveau sécurité vélo, c’était vraiment très limite... il y a eu beaucoup de chutes. 

Parce qu’apprendre aux jeunes le « Drafthlon » dans ses conditions de course, c’est simplement inadmissible. 
Et encore, par chance, il ne pleuvait pas, les conditions météo étaient idéales… Sinon il y aurait eu encore plus de dégâts. Jusqu’au jour où il y aura quelque chose de vraiment sérieux…

Quel dommage d’apprendre de cette manière, pour des jeunes qui se sont qualifiés. 
Quel dommage pour ces jeunes blessés qui espéraient vivre une épreuve digne des Championnats de France avec des étoiles dans les yeux. 
Quel dommage: trop de monde du côté de l’infirmerie.

Aujourd'hui Dimitri a passé une mauvaise journée avec pas mal de courbatures.
Allez on efface et on poursuit la saison... bon rétablissement aux blessés. 

Nota: un très grand merci à Chris et Bastien, et aux parents de la Tribu pour leurs encouragements... Et bravo aux 4 filles pour leur course...

5 commentaires :

  1. Et bien ! C'était de l'abattage cette course!!! Dommage pour Dimitri mais il a fait preuve de courage et se rattrapera la prochaine fois. En espérant que les organisateurs feront des statistiques sur le passage à l'infirmerie et en tirerons les conclusions qui s'imposent...

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  2. Récit très poignant, tu connais ma sensibilité j en avais les larmes aux yeux....et coup de gueule envers les organisateurs qui j espère auront une remontée des infos grâce à vos clubs. ....c est tellement dur de voir nos petites têtes blondes s investir et s entraîner pendant des heures et les voir pleurer à l arrivée. ....comme tu dis la saison n est pas finie. Bravo à dima pour son courage et pour sa belle course malgré tout.
    Les lorrains

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  3. Merci les lorrains...

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  4. Dommage pour Dimitri qui c'est battu comme un diable il est courageux et certain qu'il fera mieux la prochaine fois c'est ce que nous lui souhaitons .A quand la revanche ?

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  5. Cette triste aventure confirme la défiance que j'ai à l'égard de la FFTRI, qui ne reçoit mes subsides que par le biais de ses licences "journée".

    Cette triste aventure confirme tout le bien que je pense d'IronKid et de son état d'esprit. L'adage "tel père, tel fils" ne se limitant pas au potentiel génétique et sportif.

    BRAVO DIMA ! Ne regrette rien. Ne change rien. T'es vraiment un super gars.

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