SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

dimanche 24 juin 2018

LIMIT EXPLORATION.




La philosophie de l'absurde décrite dans "Le Mythe de Sisyphe" d'Albert Camus, dont un parallèle a déjà été distillé sur ce même blog sous ce lien, me pousse aujourd'hui à regarder non pas l'aspect fataliste d'une préparation à un objectif, mais plutôt l'envie de se poser une question saine et pleine de sens: jusqu'où peut-on monter son rocher pour atteindre le sommet convoité ?

Sisyphe, dans son abnégation nihiliste m’a toujours fasciné, tel un robot des temps anciens avec pour objectif unique de hisser son fardeau jusqu’au sommet de sa montagne. Vision existentialiste. Certes. Mais on peut légitimement se poser la question quant à la montagne. 



Est-ce le sommet de la colline du coin ou bien l’Everest ? 
Par cette image tronquée et forcément très exagérée, se pose alors une équation intrinsèque propre à chaque individu. Et forcément il en découle une solution unique. Jusqu’où est-il possible d’aller ? Explorer sa limite.

En sport, contrairement à la déclaration des droits universel, tous les hommes ne naissent pas égaux. Chacun a son propre patrimoine et potentiel génétique. Chacun a sa propre vision du dépassement. Chacun a son unique perception du goût de l’effort, avec des moyens qu’il exploite ou pas. Chacun de nous a un vécu et intègre justement en fonction de ce vécu, cette envie de vouloir aller plus haut, plus loin ou pas.

Certains ont des prédispositions physiques qu’ils associent à un mental et une volonté sans faille. Ils s’assurent un beau palmarès. La réussite est sans doute dans la combinaison même de cela. Un physique et un mental que l’on couple au travail indispensable, car on n’a rien sans rien, et aussi la chance, d’être là au bon moment, au bon endroit… Cela est valable pour chacun d’entre nous.

Tiens en parlant de travail, voici une petite vidéo qui vaut vraiment son pesant de cacahuètes. Je sais déjà que certains vont se marrer...



Stop la distraction. Continuons le cheminement de notre pensée.

Mais, il y a un élément supplémentaire qui fait que certains ressortent au-dessus du lot et donne naissance à un champion : le talent, le truc en plus, qui fait la différence et que les autres n’auront jamais… et c’est valable dans tous les domaines, sportifs, artistiques, sensoriels, humains. Associé au travail, mental et physique, le talent ouvre toutes les portes… mais ne nous égarons pas dans notre démarche intellectuelle sur la limite… revenons à nos moutons de Panurge que nous sommes.



Dans le domaine sportif qui nous intéresse ici, quel que soit dans la case où vous vous situez, du sportif du dimanche à l’athlète de haut niveau, on a tous un curseur « haut » que l’on appelle une limite.


Une limite…que certains ont d’ailleurs bien tenté de repousser, et par tous les moyens. 
Un Ben Johnson en son temps était un Dieu du stade jusqu’à sa déchéance dont tout le monde se souvient. Courir plus vite, toujours plus vite, avec cette obsession exponentielle et maladive de vouloir toujours mieux faire que la fois précédente, excitant au passage tous les journalistes sportifs qui voyaient en ce sportif, hors du commun à l’époque, un moyen d’assouvir leurs soifs sans cesse renouvelée de records. Lance Amstrong, en son temps lui aussi, avec son charisme impressionnant, a toujours cherché à rajouter un tour de France de plus à son palmarès. Placer la barre toujours plus haut… oui, mais jusqu’où ?
Pour faire la pirouette avec la citation d’Albert Einstein « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue." La bêtise étant pour les deux sportifs cités plus haut, le dopage…



En pleine préparation de l’IronMan de Vichy, voilà qu’à deux mois de l’échéance, je m’amène à me poser cette question… Jusqu’où mon niveau de performance peut-il être élevé ? Quelle est ma limite intrinsèque ?

Les limites marquent le début et la fin d’une étendue, ça c’est la définition pure et simple d’un esprit cartésien et mathématique. Certes. 



Toutefois, je préfère voir la chose avec un esprit ouvert et philosophe qui laisse plus de place à l’imagination et aux rêves, notre monde moderne ne laissant que peu de place aux rêves puisque ce qui est important dans nos civilisations, c’est de savoir combien on a, combien on gagne et qu’à la fin de toute façon, on ne gardera rien de tout cela. Parenthèse fermée.

Attachons nous d’avantage aux bornes des possibilités qu’offrent mes pensées vagabondes.
La limite existe, physiquement parlant. Et pourtant… 

Ne peut-on pas toujours retrancher un chiffre au précédent, comme on peut toujours ajouter une unité au dernier nombre compté. Il y a toujours un -1 et un +1. Comme dans notre univers, on peut toujours aller un peu plus loin… Tel le temps qui s’écoule inexorablement jusqu’à l’infini, partant du concept astrophysique qu’il n’y a pas de début et pas de fin, j’en arrive à me convaincre que les limites que l’on se fixe ne sont finalement pas aussi évidentes que l’on croit.

Mon corps bien entendu à des limites. Cela, je le conçois parfaitement. Je l’ai déjà évoqué : talent, génétique. 
Dans ma pratique sportive, lorsque j’arrive au KM25 du marathon IronMan, après de longues heures d’effort déjà écoulées, j’aimerais pouvoir accélérer, aller au-delà de la vitesse que me propose mon corps à l’instant t. 



Eh bien, malgré moi, je suis malheureusement absolument incapable de produire un effort supplémentaire au risque, comme on le dit dans le jargon sportif, me mettre dans le rouge et voir mes espoirs de « finish line » anéantis.

Mais mon esprit lui offre des possibilités de limites infinies. 
Le mental est une force interne insoupçonnée. Elle est à mon sens la clef de voûte de toutes réussites. C’est le mental qui fait la différence entre l’individu fataliste et celui qui croit en soi. C’est le mental qui octroie à tout à chacun la possibilité de se sortir d’une situation, et pas seulement sportive d’ailleurs.

Je m’en rends compte à l’entrainement. 
Il m’arrive de me surprendre parfois des progrès réalisés grâce notamment à l’abnégation, la persévérance et surtout la patience. C’est là que le mental rentre dans le jeu. Ne pas lâcher, ne pas abandonner aux premières blessures ou déconvenues, croire en soi, toujours aller de l’avant, comme Sisyphe qui pousse son rocher sans se poser la question de l’utilité de la chose. 

La seule vraie différence entre Sisyphe et cette attitude positive, c’est que je ne sais pas où je place le curseur, puisque sans limite mentale, sans réel sommet de montagne, je me dis que tout est possible…

« Anything is possible »

Tout est possible grâce la tête ‘sans limite’ qui commande un corps lui, limité par l’effort et par sa génétique. Cela vous est sans doute déjà arrivé. Lisez ce qui suit :


  • Trouver cette alchimie, ce savant dosage de masochisme et de raison qui, au jour le jour, et surtout le jour J, pendant ce fameux marathon, où l’on serait prêt à mettre les warning le long du chemin, alors qu’il ne le faudrait pas, et qui vous aide à poser machinalement un pied devant l’autre et avoir le courage de passer outre, et ceci malgré les signaux maléfiques du corps subissant les déboires de l’effort consenti.
  • Analyser avec lucidité ou illusionnisme, malgré la détresse des grimaces que fait subir l’effort, d'y faire abstraction, de se focaliser sur ce qui est important, et surtout avec magnanime, trouver des subterfuges pour duper ce corps fatigué et relancer la machine : aller chercher un chouchou en plus, se rendre au prochain ravito puis au suivant, fonctionner par étape, brouiller les pistes d’un corps qui ne demande qu’à retrouver la paix…
  • Séduire justement ce corps qui ne demanderait qu’à s’arrêter en lui faisant convoiter cette douche génératrice qui l’attendra à la fin du périple, ou ce repas espéré, voir rêvé, qui le remettra d’aplomb.
  • S’attacher au bonheur que l’on a déjà vécu, que l’on veut revivre ou que l’on veut connaître, s’enivrer de ces secondes magiques qui se respirent sur la finish line, qui se savourent trop furtivement tant l’instant précieux est éphémère mais si intense, mais fort heureusement, qui se partage, généreusement, avec les siens. Certains en pleurent, d’autres touchent du doigt le ciel, d’autres encore se couchent au sol pour revenir sur terre.
Je vous le dis. Le mental n’a pas de limite, uniquement dans cette faiblesse salvatrice de croire que tout est possible. « Anything is possible »…




Le mental, comme la philosophie, est sans limite. 

On peut philosopher sur tous les sujets possibles et imaginables sans pour autant atteindre une vérité unique car on peut toujours revenir sur le sujet quel soit le développement atteint !

Un philosophe qui s’interroge une fois qu’il a la réponse, ce n’est plus un philosophe.




Alors, comme je ne trouverai sans doute jamais la réponse de ce que sont réellement mes limites, je remettrai le cœur à l’ouvrage, comme Sisyphe, en espérant que la fois prochaine sera encore meilleure que la précédente. 
Je ne trouverai sans doute jamais jusqu’où mon corps peut aller puisque la course parfaite n’existe pas. 
Je ne trouverai sans doute jamais quels entraînements furent les mieux adaptés pour me faire progresser. 
Je ne trouverai sans doute jamais quelle limite temporelle je suis capable d’atteindre… 
Tout ce que je peux faire, c’est me fixer un objectif raisonnable, propre à mes convictions, pour caler les choses, car, tout homme qui se respecte, a besoin de repères, c’est tout.

Limite… vous avez dit limite ?

Un jour, j’ai dit à mon paternel : « le jour où je vois que je n’avance plus, je fais autre chose. » Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis… Je reformulerai alors la phrase : « Le jour où je ne prends plus de plaisir, je fais autre chose. »

La limite, elle est là. 
Dans le plaisir que chacun de nous prend dans ce qu’il fait. C’est encore et toujours la tête qui décide… C’est ce que je répète tout le temps aux enfants :

Amusez-vous, prenez du plaisir ! Car lorsqu’on aime ce qu’on fait, on se donne les moyens, et on ne se cache pas derrière des excuses.



1 commentaire :

  1. Comme un bon Marvel, j'attendais depuis longtemps le deuxième volet de la franchise Sisyphe.

    A la première lecture (mais il y en aura d'autres), je suis saisi par "Il y a toujours un -1 et un +1".

    Si Dame Nature a défini le nombre initial, c'est à chacun d'aller chercher son +1 à l'entraînement ou de laisser le(s) -1 accompagner ses chips dans le canapé.

    Si la prépa a augmenté ce nombre, c'est à chacun d'aller chercher son +1 en course et éviter le -1, en se laissant submerger par les pensées négatives.

    Juste énorme cette façon de trouver ce ressort psychologique par des mathématiques pures !

    Du grand BipBip ! MERCI

    Loulou, qui va le relire encore un bon nombre de fois.

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