SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

mercredi 28 juin 2017

DEBRANCHER LE CERVEAU.




Dans 10 jours, auront lieu les Championnats de France d’Aquathlon. Et votre BipBip sera sur la ligne de départ. Au menu, 1000m de NATATION et 5000m de CAP. Bref, un genre de jeu où on se doit d’être à fond du début à la fin… Un type de jeu qu’on apprécie un peu moins quand on est Master.


Et pour préparer ce type d’épreuve, rien de tel que le fractionné ! Fractionner son effort pour aller plus vite est exactement le type d’effort qu’en Master, on apprécie que moyennement. Quand je vois les enfants s’amuser sur ces séances, je me revois quelques années en arrière, avec mon paternel, où, à cette époque, je ne comprenais pas trop pourquoi il ne voulait pas « se rentrer dedans », car il est un âge où on aime faire du sport dans sa zone de confort !


Le fractionné doit faire partie de l’entrainement : il est le rêve mais aussi le pire cauchemar !

Le rêve, car il est redoutable d’efficacité pour celui qui veut aller plus vite. Le cauchemar, car envisager une séance de fractionné, c’est tout d’abord se faire violence, accepter de souffrir et avoir surtout le réflexe d’essayer de débrancher le cerveau. Ce sont des séances inconfortables, qui font mal, et que l’on redoute avant même de les commencer.


Allez, ça sent le vécu !

Voilà que depuis quelques jours, la terrible séance est programmée. Elle est là, elle trotte dans un coin de la tête, on l’appréhende cette vilaine petite séance. Et si je n’arrivais pas tenir l’allure ?


Puis le jour J arrive. On a envie d’y être ou plutôt, on a surtout envie de l’avoir déjà terminée pour le soulagement que cela apporte. On passe par de l’imagerie mentale, pour se rappeler à quoi ressemble l’allure et appréhender les sensations que l’on doit y retrouver… Bref on rentre souvent dans son fractionné bien avant même de l’avoir commencé.


Et ce petit manège qui s’organise soudainement, où l’on prolonge de quelques minutes l’échauffement, histoire d’être bien chaud certes, mais surtout qu’on profite encore de ces quelques minutes de confort. On tergiverse. Allez, encore 3mn, puis j’y vais. Qu’est ce que ça passe vite 3mn !!! Enfin pas pendant le fractionné lui-même, car là, les 3mn semblent toujours une éternité. On ne peut plus reculer, il faut y aller. Débute alors ce long dialogue avec soi qui évolue toujours selon la même litanie au fur et à mesure des fractions.

Ca y est ! On est chaud ! Il va falloir y aller.


1ère fraction: concentré, on s'attache à bien suivre le rythme prévu avec sérieux car on sait que cela conditionne la suite de la séance. Les sensations sur cette première partie sont primordiales: ne pas partir trop vite comme un cheval fougueux, et surtout se dire qu'il ne faut pas coincer sur la première, trouver d'entrée le bon rythme, sinon cela risque d'être délicat sur les dernières répétitions. Ouf ! On est dans un bon jour (parce qu'il arrive qu'on soit dans un mauvais), ça se passe pas trop mal. C'est bon ! Mais que le temps à vive allure est long ! 
Bip ! Première fraction terminée. "Whaou, c'est trop rapide ! Je ne vais pas finir la séance à ce rythme." La récupération bien entendu passe trop vite, le coeur ne monte pas encore trop haut. Allez la suivante !

2ème fraction: on rentre dans sa routine de course, où le maître mot est régularité, pour aller au bout de la séance et tirer le meilleur de soi. Le coeur commence déjà à s'emballer et la confiance n'est plus au beau fixe. 
Bip ! Deuxième fraction terminée. Pas mal, toujours dans les temps ! Et la récupération qui semble encore plus courte car il faut déjà repartir...

Et les fractions s'enchainent... A la moitié, on se dit que c'est bon signe, le verre est à moitié plein, mais le combat psychologique s'engage puisque la dernière partie de la séance se fait souvent au mental. Le palpitant est plus haut et ne redescend plus aussi rapidement, la chaleur corporelle peut être inconfortable (surtout quand il fait chaud), on a soif et ces foutus temps de récup' sont de plus en plus courts.

Ce n'est pas compliqué: plus on avance, plus on morfle ! 
Aurais-je la force d'aller au bout, tout au moins en reformulant plus précisément, aurais-je la capacité de rester dans les chronos planifiés et tenir l'allure ?

Plus que deux ! Les deux dernières répétitions sont terribles. On a mal aux cuisses, le souffle est court, le coeur s'emballe, la tête ne répond plus (souvenez-vous: débrancher le cerveau). Le cardio est à plein régime, on a l'impression qu'il ne redescend plus beaucoup pendant les récupérations, les jambes brûlent et ne demandent qu'à s'arrêter... 
Et pourtant, bon jour ou pas, c'est souvent là qu'on arrive à trouver les ressources pour en remettre un petit peu. Oh, peucheure, pas grand chose, mais ce petit peu qui permettra de maintenir l'allure jusqu'au bout. Se convaincre, enfin si on en a les moyens, que plus on ira vite, plus le calvaire se terminera vite. Logique non ? Et puis cette satisfaction du devoir accompli une fois la dernière fraction passée.



Et c'est étrange, mais dans l'heure qui suit, on a un drôle de sentiment qui émerge.

Je déteste le fractionné avant, mais après, il en ressort une sensation de satisfaction, presque du plaisir. Si si ! Du plaisir. Un moment intérieur comme le fait d'avoir souffert et d'avoir réussi à se dépasser pour réaliser une séance difficile. C'est vraiment une sensation agréable qui se résume à tout simplement "Je l'ai fait !" et ceci quel que soit le verdict du chronomètre, même lorsque certaines répétitions peuvent être en deçà de celles attendues.

Stress, souffrance physique et mentale, endomorphine et plaisir: on retrouve tout çà dans un entrainement fractionné. Ce dépassement de soi fait partie de l'entrainement et il est incontournable pour pouvoir progresser. 

Mais qu'est ce qu'on est bien en Endurance Fondamentale... 

NDLR: Merci à Georges d'avoir participé à la séance J-10 de ce soir. La pyramide inversée fut ardue et on a eu la chance de passer entre les gouttes. La piste faisait 405m, confirmation d'un habitué qui la connait très bien. 
Par contre, on a fini tous les deux comme çà: décalqués.



2 commentaires :

  1. Lorsque tu écris, c'est souvent théoriquement vrai et luiguistiquement drôle.
    Là, c'est juste réellement vrai !

    J'en ai eu le souffle court, les jambes qui ont brûlé et le petit truc qui dit qu'un homme est satisfait ;-)

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