SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

jeudi 17 mars 2016

WALES 2011: LE REBOND GALOIS.


Là pareil, les photos ont disparu sur l'ancien blog.

L'IronMan de Francfort se termine par une grosse déception. Une course ratée à cause de la météo qui a anéanti tous mes espoirs. J'étais prêt pour créer l'exploit, et au lieu de cela, ce fut une course subie...
La fin de saison s'annonçait et il fallait que je termine sur une bonne note. Le Half IronMan du Val de Reuil aurait été la course qui m'aurait permis de remettre les pendules à l'heure. Mais, voilà que finalement je renonce à cette course pour m'attaquer à un peu plus gros. Je compte bien m'appuyer sur le volume des mois précédents et sur la fraîcheur, car depuis Francfort, j'ai effectué des petits volumes et de la qualité, à peine 8-10h par semaine.

Vendredi 09 septembre :
Il est 4h00 du matin quand je prends le ferry à Dieppe pour m'emmener outre-manche, en Angleterre, pour conjurer le destin. Après 4h de traversée et une nuit bien courte, je débarque chez les « roastbeefs ». Première adaptation soudaine, la conduite à gauche et les réflexes qu'il faut avoir de suite pour éviter l'accident stupide. Avec prudence, je roule sans oublier de m'alimenter et de boire régulièrement. Et voilà qu'après 6 heures de route, j'arrive enfin à destination, à Tenby, au sud du Pays de Galles.
La radio locale que je capte depuis quelques kilomètres ne parle que de la course de Dimanche à venir en interviewant des futurs participants. Ca c'est sympa ! La météo est catastrophique, il pleut, il fait un vent de 70km/h car le pays essuie les restes de l'ouragan des US.


Je récupère dossard, puce et sacs de transitions et file m'installer dans mon « Bed and Breakfast » à Lydstep, 6kms de Tenby, lieu du départ. Installation rapide, car il faut repartir pour le briefing de la course. Je rencontre 2 français, cela fait plaisir d'entendre parler la langue de Molière, puis nous pénétrons sous l'immense chapiteau.
Premières informations : la température de l'eau est à 14°, la météo attendue pour dimanche est pluie et vent très fort. Aussi, un plan B est prévue justement pour la natation, car les vagues sont énormes à South Beach (là où doit avoir lieu l'épreuve) et l'organisation décide de transférer cette épreuve à North Beach, une plage d'avantage protégée par une crique mais qui fera l'objet d'une transition bien plus longue, 1km, oui, 1km... Ensuite, on annonce que le Vélo sera très difficile, avec des bosses de 12% à 16%... Wouah !
Lors de la suite du briefing, je la sens de moins en moins cette course. Je me demande si je prendrai le départ et me pose au moins dix fois la question : « mais qu'est ce que tu fous là ? »... Sans doute à cause de la fatigue de la journée, je suis démotivé et avec le moral dans les chaussettes. Je n'ai jamais été aussi pessimiste sur une course. Vraiment...
Bon, demain, après une bonne nuit, je prendrai part au training session pour la Natation. Je suis inscrit pour 8h. On verra bien.
Je reste à la Pasta Party en mangeant avec les deux français rencontrés, les pâtes sont « beurk », mais au moins j'ai plus qu'à aller me coucher...
Je m'endors de suite, entre le lever à 2h30 et la route, je suis explosé.

Samedi 10 septembre :
Le vent et la pluie sont toujours là. Ca souffle, incroyable. En route pour le test Natation. Arrivé sur place, les vagues sont monstrueuses mais la plage est très belle. Il faut descendre des lacets pour y accéder. J'enfile la combinaison en mettant un double bonnet pour éviter le choc thermique. Brrrrr... c'est froid. Je m'élance, le visage se fige sous le froid, mais au bout de 5mn ça va... Je me fais retourner comme une crêpe par les premières vagues, mais j'y prends goût... J'ai étonnamment de très bonnes sensations et finis ma session par 30mn de Natation...


Me voilà tranquille pour la Natation. J'appréhendais le froid, mais finalement, ça me plait. Le seul truc, c'est que ça va bastonner un peu, entre les 1500 concurrents et les vagues...
Je me rhabille et retourne à  l'aire de transition. Et là, c'est confirmé. Le plan B va s'appliquer. La transition NAT/VELO fera bien un peu plus d'un kilomètre et on nous demande de prévoir une seconde paire de running (ouf j'en ai toujours une en plus) pour traverser tout Tenby jusqu'au parc. Je traine ensuite en ville, sous la pluie et le vent qui ne faiblit pas, et retourne préparer le vélo qu'il faudra déposer avant 15h00. Je fais un repas rapide dans une petite auberge, et retourne au gite pour préparer les sacs.
Cette fois, je veux tout prévoir pour le vélo. Ne pas prendre froid comme à Francfort. J'ai donc la veste thermique imperméable. Je la glisse au fond du sac VELO, surtout que demain, c'est flotte, flotte et vent. Ok, tout est prêt.
J'arrive sur les lieux et rencontre rapidement Nicolas Roux (Beaune Monnot) avec lequel je discute un peu. Un gars sympa. Je lui demande ce qu'il a prévu demain pour le vélo. Il me dit juste le coupe-vent et une veste vélo, car il ne fera pas froid. On prépare nos vélos chacun de notre côté après s'être dit « à demain »... Toutes les affaires sont déposées. Le Ridley ne sera pas bâché, comme tous les autres vélos d'ailleurs, car le vent est tellement fort que l'organisation a peur de la prise au vent des bâches et que beaucoup de vélos se retrouvent à terre. Bon, et ben, le Ridley dormira sous la pluie alors !
Je finis l'après-midi en trainant dans le centre de Tenby, très joli, et fais quelques emplettes souvenirs dans les boutiques galloises. Avant de partir, je refais un tour dans le village expo. Sur la route du retour vers le véhicule, j'entends parler français. Deux suisses. Ils parlent du parcours vélo. Je leur demande : « Alors comment c'est ? Je ne l'ai pas reconnu. » L'un d'entre eux me dit : « monstrueux , j'ai déjà fait Nice et Embrun, et ici, c'est pire, il y a des murs partout, notamment les deux dernières bosses à 16%, avec la dernière qui dure bien longtemps. » « Ah bon ? Je suis en 53/39 et 12/21 »... « Quoi ! T'es fou, je suis grimpeur » me dit l'un et « j'ai un 27 derrière et encore c'est limite. Avec ton 21, ça ne passera pas. »... Tiens me voilà rassuré. On discute encore un peu. Par acquis de conscience, et pour me faire une idée puisque c'est proche de l'arrivée, je décide d'y aller.
Enooooorme ! Je suis un mauvais grimpeur et essaie de fuir les bosses quand elles se présentent à moi en faisant des détours, mais des bosses comme ça, je n'en avais encore jamais vues... Mes yeux sont grands ouverts, je ne rêve pas ! J'appelle Gillou pour lui faire part de ma découverte. Sa compassion n'y fera rien, le vélo est déjà dans le parc, faudra bien que j'y passe... En voiture, je passe les 16% (500m de montée), de-diou, ça monte! (Regardez au sommet de la bosse, on voit une voiture.) 

Puis derrière, c'est une bonne descente en slalom digne d'une piste de ski, le pourcentage est équivalent, ça glisse sur 700m, un petit plat de 200m et paf ! Encore une de 16% sur 300m, suivi de 500m à 8% et c'est reparti pour un bon 800m de montée alternant 10 à 14%... Un cauchemar pour un rouleur comme moi. Et dire qu'il faudra passer ces murs deux fois et que je ne connais pas le reste du parcours qui est apparemment composé de nombreux coups de culs comme cela...

Je retourne à la même auberge manger un plat de pâtes, qui passe moins bien que celui de midi. Il est 20h quand je me mets au lit après un petit coup de fil à la famille restée en France... demain la journée sera longue. Si je finis cet IronMan, j'aurai franchi une étape !
Bonne nuit.

Dimanche 11 septembre : IronMan Wales 2011.
Je me lève à 4h30. Rituel gâteau sport et boisson d'attente jusqu'au départ. Avant de prendre la route, je reçois un SMS de ma chérie qui me souhaite le meilleur pour aujourd'hui. Nous serons 4 sur la course, c'est sûr, je vais avoir besoin de leur support derrière le « live tracker ».
J'arrive au parc. Je retrouve Nicolas Roux. On discute 5mn et on se souhaite bonne course. Etrangement, la pluie n'est pas là (ou pas encore car le temps change très vite à Tenby) , mais le vent ne nous a pas oublié, il souffle à 70km/h.
J'enfile la combinaison, la seconde paire de chaussures pour la longue transition et hop hop hop, c'est parti pour la très longue marche vers le départ. En fait, nous empruntons tous le chemin que nous ferons au retour pour rejoindre le parc : 1km. Les pensées sont diffuses, la tension se lie sur les visages. Ca va être long. Cette course va se faire de l'arrière, il y aura des concurrents au bord du chemin. J'arrive enfin sur l'esplanade qui surplombe la plage. Il y a un monde fou ! Nous descendons les lacets qui mènent au départ au milieu d'une haie de spectateurs... 

Les chaussures sont laissées dans un rack aménagé. Le vent souffle fort, les vagues sont énormes. Il ne pleut pas.
Je teste l'eau... histoire de remplir la combi... une grosse vague déferle et tente de me dissuader de renoncer... oh oh oh, t'as affaire à un IronMan ma belle... à tout de suite...

Natation : 2 boucles de 1900m, avec sortie à l'australienne, + vagues si affinité.
7h00. Le départ est donné. 

Je rentre de suite dans l'eau, alors que beaucoup de malins courent un maximum le long de la plage pour aller chercher la bouée au plus près... Tactique payante que de rentrer directement dans l'eau. Je ne reçois aucun coup, rien, je nage tout seul. Les vagues me soulèvent et je retombe dans le vide qui se crée. Excellent ! J'avance bien avec un départ un peu rapide pour ne pas être gêné par les 1500 concurrents annoncés. La première bouée est avalée sans problème, ça bouscule un peu, mais sans plus... Maintenant faut attaquer la longue ligne droite vers la bouée opposée le tout encadré par les surfers (comme à Hawaï)... le vent est de face, les vagues sont super grosses, mais je prends vraiment du plaisir... Ca me plait de nager dans ces conditions de mer déchainée. Je prends un maximum d'eau sous les bras, pousse fort et retombe dans le creux des vagues en regardant la direction. Je nage droit. Nickel. Seconde bouée déjà là. Allez, retour vers la plage pour passer sur le tapis et replonger pour une seconde boucle. Ma sortie de l'eau est chaotique, le retour d'une vague me fait prendre pied, j'ai de l'eau jusqu'aux genoux, et là, tout à coup une grosse vague déferle et me submerge. L'eau passe au dessus de ma tête, j'ai du mal à m'extirper avec le retour de l'eau qui suit. Je cours sur la plage, passage sur le tapis avec la sortie à l'australienne, je jette un œil sur le chrono. 29mn ! Super ça ! Allez, une seconde boucle comme celle-là, et ce sera excellent. Je replonge avec envie dans les eaux agitées. Ma nage est bonne, je passe un paquet de concurrents. La première bouée arrive assez vite, et me voilà reparti pour la grande ligne droite, au milieu des grosses vagues... J'adore. Je repasse encore un bon paquet de 20 triathlètes. Je tire l'eau très fort sous mon corps, je me fais plaisir. Là, je me pose alors la question : il fait soleil. Est-ce que je mettrai la veste thermique sur le vélo ? Ne vais-je pas avoir trop chaud ? Oui, mais le vent est tellement fort et le temps change si vite au Pembrockeshire. La pluie peut arriver au cours de l'épreuve... et puis, il vaut mieux avoir trop chaud que de prendre froid sur le vélo comme à Francfort et connaître la même galère... allez, je ne changerai pas l'idée initiale. Ce sera la veste, quitte à monter et descendre la fermeture éclair... Après ces réflexions, voilà que j'entame déjà la dernière ligne droite, celle qui me mènera sous l'arche de fin de l'épreuve... Je m'extirpe de l'élément liquide, retire le haut de la combinaison. 1h01. C'est bon pour le moral.
Cette natation fut extraordinaire. Je me suis réellement amusé. 


Transition T1 : 1km, la plus longue transition de ma vie de triathlète.

Maintenant il faut gravir la rampe pour monter jusqu'au milieu de la corniche, où se trouvent les chaussures de CAP. Le souffle est bon, ça monte. J'enfile illico les chaussures et continue l'ascension pour arriver sur l'esplanade qui surplombe la mer. Il y a un monde fou qui encourage les athlètes. L'ambiance est excellente. Les gens forment une haie d'honneur pendant toute la montée et sur l'esplanade. Ensuite, il faut traverser la ville pour rejoindre le parc à vélos qui se trouve à 1km de point du départ. La combinaison aux hanches, bonnet/lunettes encore sur la tête, je cours sur un rythme régulier sous les applaudissements des spectateurs... Le parc à vélos est là... premier coup d'œil d'ensemble. Oooooh ! Il y a encore beaucoup de vélos. Je croise à cet instant Nicolas Roux, qui lui sort déjà du parc alors que je rentre à peine.
Le changement n'est pas trop rapide : retrait de la combinaison, casque, veste thermique, dossard... Je dépose mon sac avec toutes les affaires natation en sortant de la tente.
J'ai repéré l'allée où se trouve le Ridley. Je le récupère sous des bourrasques de vent et m'élance sur la partie vélo.

VELO : 182kms. D+ : 2600m. Un parcours extrêmement exigeant.
Me voilà parti sur le parcours Vélo. Il consiste à effectuer trois boucles. Une boucle vallonnée qui part de Tenby jusqu'à l'extrémité de la péninsule, avec un vent de face très fort et un retour vers Tenby plus roulant même s'il est vallonné. Puis une autre boucle très difficile à faire deux fois, où se succèdent montées et descentes permanentes. Il n'y a aucune partie plate. Au menu de cette partie, des coups de culs à 10-12% pas très longs (400 à 500m) mais derrière des descentes techniques sur des routes pas toujours très agréables, le tout agrémenté par un vent très fort... et sur la fin de cette seconde boucle, avant le retour au parc et qu'il faudra passer deux fois, les deux bosses à 16% décrites plus haut dans le compte rendu... Beau programme, surtout pour un non-grimpeur. Aïe aïe aïe, je vais souffrir.

Je pars donc doucement, car je sais déjà que je vais passer plus de 6 heures sur le vélo. Le vent souffle fort d'entrée. Je m'allonge sur le cintre et roule à peine à 30km/h. Des allemands, toujours bons rouleurs, passent. Les premières montées sont régulières et se passent en puissance. Arrive alors une bosse sur une double voie. 8%. Ca monte, le vent de face est très fort, et je passe sur le 39. Je roule à 16km/h. C'est dur. Qu'est ce que ça va être dans les bosses de 16% ??? Ensuite, succession de faux plats et on arrive enfin en bord de mer... Là, le vent est terrible. Il s'engouffre entre les dunes de sable, et juste derrière, une bosse terrible de 14% très courte arrive pour remonter sur le plateau et retourner vers Tenby. Sur ce passage, je passe avec extrême prudence, mains sur les freins. En passant au niveau des trous entre les dunes, le vent appuie sur les jantes hautes et je me retrouve à faire l'équilibriste sur le spad, tantôt poussé soudainement à droite, puis retour à gauche en repassant devant une corde de sable. C'est affreux. Beaucoup de concurrents sont tombés à cet endroit. Ouf c'est fait ! Et là le coup de cul est hallucinant. Les cuisses sont dures et les 14% passent dans la douleur. Après quelques kilomètres, le vent est enfin dans le dos et une portion assez plate se présente. Enfin, je roule comme j'aime. 50 km/h allongé sur le Ridley et je repasse les concurrents qui m'ont allègrement passé dans la première partie. Malheureusement, ce sera de courte durée. Si je ne prends pas du temps ici, je ne sais pas où j'en prendrai, me dis-je, même si le vent me fait jouer en équilibre, entre les fossés protégés et les zones exposées au vent.

Voilà ensuite le départ de la seconde boucle... et là, les festivités commencent. Jamais plat, que des relances, des montées alternées sur petit plateau ou gros plateau en fonction de la vitesse prise dans la descente précédente et bien sûr en fonction de la longueur de la bosse... Bref, on joue du braquet en permanence... c'est dur physiquement et je n'oublie pas de m'alimenter et de boire très régulièrement. Là est la clef de la réussite pour un bon marathon. En passant dans un village très animé, je passe enfin sur le premier tapis de contrôle de puce. Je sais que ma famille attend, j'ai une pensée pour eux. J'arrive à 3h00 de course. Je n'ose même pas regarder le nombre de kilomètres, tellement je sens que je roule doucement. Je m'y risque. 89kms. Surprise. Je suis à la moitié. Ca ferait 6h sur le vélo au total si je continue comme ça, mais seulement, les deux boucles à venir sont très dures, avec le final terrible, c'est utopique... je me cale un 6h30 pour être satisfait. Les spectateurs le long du parcours sont assez nombreux. Pour un premier IM Wales, c'est une réussite et les « well done » se multiplient. Après des successions de montées et descentes, dont le bitume n'est pas très bon, j'arrive enfin au moment de vérité... enchainer les deux monstrueuses bosses de 16%... Je mets de suite le 39/21 et monte en force. Qu'elle est longue cette bosse, que les jambes sont dures, je suis scotché. 10km/h. J'ai une pensée pour Gillou. Il avait raison. C'est un mur. J'arrive en haut, et là, la descente derrière est sinueuse et technique. Je freine beaucoup... ma femme m'avait dit d'être prudent en descente, et que ma petite famille voulait me revoir entier. J'écoute le conseil... Les reins sont douloureux, je me détends sur le petit plat qui suit cette "piste de ski"car derrière, il y a plus de 1500m de montée, avec un départ en pétard à 16% encore sur 300m, puis 8%, et une fin en apothéose, face au vent, sur du 12%... C'est impressionnant. Le public pousse, heureusement. Je suis déjà sec.
Comment vais-je passer la seconde fois ? Mais au sommet, c'est la descente vers Tenby, avant de repartir sur cette seconde boucle terrifiante. Je bois, je prends les gels régulièrement, je mange, car ça va être long... Là où tout à l'heure au début de la course, je roulais à 30km/h face au vent, voici que je suis à 25km/h, car le vent, le bougre, a redoublé. La seconde boucle se fera alors plus lentement, car les jambes ne sont plus aussi fraîches. 

Je me fais rattraper par une française avec qui nous discutons un peu. Elle me demande à combien de kms nous sommes ? Je lui dis, 138kms. « Aaaah, ça sent la fin » dit-elle. « J'en ai marre et c'est très dur »... je confirme. C'est usant. Je la dépose sur une partie plus roulante en me couchant sur le cintre aéro. Mais dans la bosse qui suit, elle me dépose et je la vois s'éloigner avec une facilité déconcertante... Les deux monstres arrivent à nouveau ! C'est presque la fin, mais il va falloir remettre le couvert. Je suis dans les premiers mètres des 16%... Le compteur est à 8km/h. J'ai des douleurs aux mains depuis que je tire sur le cintre pour passer les bosses. Dans les 40 derniers mètres, j'appuie fort, sur un coup de nerf et accélère et passe plus vite... Allez, la descente puis la dernière montée. Elle passe avec surprise mieux que la première fois. « Yeeeees ! Well done Man ! »
La descente vers Tenby permettra de détendre les reins et de boire, puis de préparer mentalement la transition T2... Le parc arrive après avoir gravi le dernier coup de cul dans Tenby... le chrono est très moyen... 6h48... 

C'est assez décevant, car j'ai bien faibli sur la seconde partie... Le gros du travail à faire pour le futur est là, c'est certain.
Maintenant, en scrutant les résultats, j'apprendrais que le meilleur chrono sur le parcours est de 5h10, alors que normalement les premiers PROS sur la distance, sur un parcours normal, tourne en 4h10... soit une heure de moins. Il n'y a pas donc à trop rougir...

Transition T2 : Transition posée et contrôlée.

J'arrive au parc. Avec surprise, je constate qu'il n'y a pas tant de vélos que ça. Finalement, certains ont du bien souffrir. Etonné, je pose le Ridley, et me change tranquillement sous la tente après avoir récupéré mon sac RUN. Je prends même le luxe de changer les chaussettes... Allez, c'est parti. Le speaker crie « Frédéric Reynouard from Saint Martin du Manoir, France, is leaving for marathon now ! »...

CAP: Marathon, quatre boucles. Une belle remontée sur un parcours difficile.

Le parcours marathon consiste en 4 boucles avec une sortie de ville par le chemin inverse de la transition NAT/VELO. On longe la forteresse de l'ancienne ville, ensuite une petite descente, et puis 4 bons kilomètres en montée pour aller chercher le demi-tour en dehors de Tenby. On revient sur nos pas en se croisant, petite déviation dans un lotissement, et retour en descente sur Tenby en aller-retour pour poursuivre sur le bord de mer autour de la forteresse. Cette portion alterne montées et descentes avant de revenir au centre ville de Tenby en empruntant les rues piétonnes où il y a beaucoup de monde. On récupère le chouchou de couleur, et hop, on repart pour une boucle supplémentaire.

D'entrée, je me sens bien avec aucune douleur aux reins. Je file à une allure de métronome. Je prends de l'eau à chaque ravitaillement et mange un morceau de banane.
Je remonte des places de suite. La longue montée sinueuse de 3-4 kms passe bien alors que certains marchent. J'encourage Nicolas Roux au passage en le croisant. Je suis bien, et ne me fais jamais dépasser. Le retour vers Tenby est facile, j'en suis le premier surpris. Surtout ne pas trop s'enflammer. Un marathon, c'est long et la défaillance arrive vite. Je poursuis sur mon rythme. En descente, les cuisses sont un peu lourdes et le retour au centre ville avec les encouragements de tous les spectateurs aident à avancer. Premier chouchou au bras... en route pour la seconde boucle... tout est nickel, je cours bien, et le semi-marathon est avalé sans souci.


Seuls les concurrents qui ont des chouchous en plus me doublent, mais j'en dépasse aussi. La longue remontée se fait. Arrive la fin du second tour puis le troisième... au début du troisième, j'ai eu une baisse de régime. Je ne double plus personne mais reste à ma place... la côte est avalée plus doucement, mais je ne marche pas... « never never walk »... tout au long de la route, nous sommes encouragés par des « well-done » « come on, go go go »... Je passe sur le tapis de contrôle de puce pour la troisième fois, et je pense à ma petite famille... ils doivent attendre... Encore une fois ici, et ce sera l'arrivée. Je me sens pousser des ailes. Pendant que certains ralentissent, marchent ou s'étirent sur le côté, moi j'avance bien et dans la descente qui me rapproche vers le dernier chouchou, je double, je double, je double... et je cherche les triathlètes qui ont le même nombre de tours que moi, en repérant à leur bras la couleur du dernier chouchou... je me fixe comme objectif de les rattraper, les uns après les autres... et ça marche... Je file dans la montée cette fois... encore un, puis un autre... je dépasse, je double tout en m'alimentant et buvant à tous les ravitaillements... et ce sera ainsi jusqu'à la fin... dans les rues de Tenby, je repère 5 gars qui sont aussi sur le point d'arriver. Je décide d'accélérer pour les « manger »... j'en rattraperai 4/5. On dévie enfin ma route. La finish line est à 300m le long de la corniche surplombant la mer... Je tape les mains des enfants qui sont le long des barrières. Il y a du monde malgré le vent et la pluie. Je regarde le chrono, 11h49 d'effort et surtout un marathon difficile en 3h43, aussi rapide que celui du Francfort qui lui était tout plat... je suis content ! De rage, je serre le poing avant de franchir la ligne... Good job ! Well done ! Quelle course.


Bilan :
Un IronMan très beau mais très dur. Certains disaient même que c'est plus dur que Lanzarote et Nice.
Malgré la météo, j'ai réussi à terminer cette très belle épreuve. Le vent a été usant, je n'ai pas pris froid et je suis aujourd'hui convaincu que LA course qu'il ne fallait pas rater dans la saison (IM Francfort), eh bien, je l'ai ratée. Car malgré ce parcours VELO très usant, je suis arrivé dans un état satisfaisant pour conclure sur un marathon difficile, habilement négocié, puisque non seulement je n'ai fait que remonter des places mais en plus, je le termine dans le même chrono que le marathon de Francfort qui fut, lui, tout plat. L'énorme satisfaction vient aussi de la natation que je boucle en 1h01. Peut-être y avait-il un peu de courant porteur, mais en tout cas, j'ai adoré nager dans cette mer agitée. {#}
J'ai également eu un déclic en VELO. Je sais que c'est l'axe principal de travail pour le futur, mais le fait de passer de nombreuses bosses de 16% m'a permis de me décomplexer vis-à-vis des côtes que je n'aurai jamais imaginé passer en rêve...
Car le vendredi soir, au briefing, je peux vous assurer que je n'en menais pas large.
Cette course difficile sera une expérience positive pour le futur. Je me voyais mal repartir sur les bases d'un HIM. Le rebond positif a donc eu lieu. Je n'ai pas eu à ruminer longtemps ma déconvenue allemande et l'IronMan Wales m'a redonné confiance en mes capacités.
Le lendemain:
Je vais à la remise des slots. Un des français rencontrés vendredi, Victor (il se reconnaîtra s'il passe par là) finit 4ème de son GA. Il n'y a que trois places pour Kona. Le speaker annonce que le 3ème n'a pas validé sa qualif'. Il l'appelle. Pas de réponse. Et là, le degré d'excitation monte. Je suis en face de Victor. "we roll down..."... Victor se lève de sa chaise et demeure debout dans l'allée. Il sait que le slot est pour lui. Il trépigne. On appelle son nom. Le voilà qualifié pour Kona 2012. Quelle joie de vivre cet instant. Bravo ! Qualifié en 10h14. Enorme.

Remerciements 
:
Merci d'abord aux sponsors qui m'ont accompagné toute cette saison.
Enfin, je suis parti sur l'IronMan Wales, sans rien dire à personne, ou presque. Ma petite famille est restée à la maison, pendant 4 jours. J'ai couru avec eux pendant toute la course. J'y ai trouvé une force supplémentaire pour finir ce périple voyage/ironman/voyage. Leur soutien et leur positivisme m'a accompagné tout au long de l'épreuve. Je n'ai pas eu à lutter contre ceux qui auraient pu trouver ce nouvel objectif déraisonnable, couru seulement 7 semaines après Francfort. A aucun moment, je n'ai entendu : « n'y va pas ! » Et ça c'est génial.
J'ai pris une revanche sur ce bel IronMan. Merci encore à vous de tout mon cœur.

Les chiffres:

298ème/1510 dossards. 64ème/268 en GA35-39.

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