SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

mardi 4 juin 2019

LES PLANETES N'ETAIENT PAS ALIGNEES.



C’est un titre un peu astrophysique pour cet article qui concerne la course de Dimitri aux Championnats de France de Triathlon Jeunes, le 2 juin à Grignon, près d’Albertvillle. Mais je n’ai rien trouvé de mieux pour exprimer le résultat final.

Tous les feux étaient au vert. Tous ! Dimitri était prêt. Encore d’avantage qu’à Casteljaloux, à la demi-finale qu’il a remportée. Nous avions grimpé de très belles bosses en vélo, axé un peu plus le travail sur la Natation (son point perfectible) et en CAP, il était vraiment très bien. Il avait fait du jus, juste avant, et dans la tête, tout allait pour le mieux, pas le stress qu’il avait eu pour les France de Duathlon. Certes, Dimitri redoutait la Natation, où certains athlètes sont meilleurs que lui, mais le Triathlon c’est aussi le VELO, les transitions et la CAP, et là, il avait de quoi sortir de très belles cartes de son jeu.

On arrive la veille. On étudie les parcours.


Dimitri et Marie (qualifiée en cadettes) font la reconnaissance du vélo.


Je partagerais avec eux la reconnaissance des parcours sur les portions pédestre et aquatique. Un vrai bonheur...


Le parcours VELO est sélectif, avec une belle bosse à monter, 2.2kms de long avec des passages à presque 15%... mais cette partie lui convient bien… donc Dimitri n’a pas de doute sur la montée et insiste sur la reconnaissance de la descente vélo, assez dangereuse.

La nuit a été bonne. C'est le grand Jour. Nous sommes à 1h du départ. 

Dimitri est sur le point de s’échauffer. Et la belle surprise qui arrive est de taille : Mamie et Papi sont sur place ! Ils sont venus pour l’encourager, pour assister à sa course. Vraiment super top génial ! Une photo… clic clac, et Dimitri part s’échauffer pour rentrer progressivement dans sa bulle…


A la fin de l’échauffement, il enfile la combinaison de Natation, on se prend dans les bras, on se serre, je l’encourage et le moment de vérité approche… c’est LA course de l’année pour lui.


C’est 9h25. Les athlètes ayant eu un SAS préférentiel sont appelés. Dimitri est donc nommé au micro, dossard 4, comme les 6 autres vainqueurs des demi-finales. Un article sorti la veille sur le site de la F.F.Tri indique le nom des favoris qui sont montés sur le podium au Duathlon, mais que 3/4 autres athlètes ont toutes leurs chances pour créer la surprise, et Dimitri en fait partie.

En tout cas, en tant que Papa, moi j’y crois. Je lui avais dit : « Les autres ne sont pas plus forts que toi. Vous avez plus ou moins un niveau équivalent. C’est celui qui aura la meilleure forme du moment, la meilleure dynamique de course à l’instant t, qui s’imposera. »

Petite Marseillaise. Puis, à 9h30, les athlètes sont aux ordres du starter.
C’est parti ! Les 130 qualifiés se jettent à l’eau.


Dimitri s’élance suivi par une horde de jeunes aux dents acérés. Je ne sais pas trop comment il est, puisque je file en courant vers le premier lacet de la bosse sur le parcours vélo… Papi et Mamie, Marie, Jean Michel, Manon et Marie Pierre se répartissent pour l’encourager. A distance, Mme BipBip suit le live. Et Patrice, le Papa de Yohan, qui est aussi dans la course, monte en vélo au sommet de la bosse pour encourager nos jeunes.

Pendant ce temps, les triathlètes contournent les bouées. Et les premiers ne tardent pas à sortir de l’eau… puis c'est au tour de Dimitri, manches rayées rouge.


Dimitri signe le 17° temps Natation et rentre dans le parc en 22° position. Bien entendu, je ne le sais pas… je suis sur le parcours vélo. 
Il arrive à son emplacement dans le parc à vélos et passe « trop » de temps à enlever la combinaison.

Papi dira « qu’est-ce qu’il a perdu comme temps, il a bataillé pour passer les pieds », et pourtant nous avions mis de la vaseline… 

Il ne cesse de répéter qu’elle est trop longue la combinaison, et qu’il faut la couper en bas, mais bon, c’est MA combi... et les autres concurrents n’ont pas forcément des combinaisons plus courtes. Bref, il perd du temps… et sort finalement du parc à vélos. (un détail à bosser dans le futur, c’est sûr, et si un expérimenté a un truc pour virer la combi plus vite, n’hésitez pas à commenter)

Je suis positionné dans la première épingle au début de la bosse, et les premiers arrivent. 
1, 2, 3… OK. Puis arrivent 6-7 athlètes de plus… merde toujours pas là… encore 3, 4 intercalés… toujours pas de Dimitri ? Mais qu’est ce qui s’est passé ? Je commence à m’inquiéter, car honnêtement, je l’attendais plus tôt.

Enfin, je le vois au milieu d'un paquet… 


Je lui crie de dépasser tout ce petit monde sinon dans la bosse il va être embêté. Il se met en danseuse, et passe le groupe… super ! Il doit être dans les 15, mais les premiers ont l’air costauds… ça va être dur ! Mais il a l’air bien, bien posé sur le vélo, rythme assez facile…


Je redescends vers le site et retrouve Patrice. Il était en haut de la bosse. Il confirme qu’il y a un ou deux costauds et les suivants sont vraiment dans le dur… Il me dit que Dimitri par contre avait l’air super bien… ça me rassure, je suis content, et comme il a fait la reconnaissance de la descente, je me dis qu’il va revenir vers la tête de course… ça serait super.

La descente terminée, Dimitri me dira qu’il a roulé tout le temps en tête de son groupe vélo pour revenir sur la tête de course sur la portion plate… et que personne n’a pris de relais. Y aurait-il laissé du jus ici ?

Nous sommes avec Patrice, à 400m de l’arrivée VELO. Les premiers arrivent…. Le temps parait long, j’oublie d’ailleurs d’enclencher le chrono. On compte. 6 athlètes passent devant nous. Quelques secondes plus tard, 3 autres, intercalés. Et pas de Dimitri…. Noooooon.
Il arrive enfin avec le petit groupe suivant, il est toujours dans les 15. 


Je sais déjà que la course est pliée, mais il peut tenter le top10…

Convenu avec Patrice, il attend que Yohan passe, puis il ira au KM1 de la CAP et moi au KM2. On va les encourager nos jeunes….

Dimitri fait une transition T2 moyenne. Il a pris une pénalité de 5 secondes à T1, car un morceau de combinaison néoprène dépassait de la ligne dans le parc à vélos… Ben voyons. Pas de chance.

Mamie, Papi et les supporters l’encouragent… Hugo de la Tribu fait le live sur Facebook et le compte 17° en sortie de parc à vélos.


Je le vois passer devant moi, mais pas avec la figure des bons jours…. 

Je file maintenant au KM2 pour le pousser à aller chercher le meilleur résultat possible.

Bien entendu, la portion pédestre est son point fort, donc je m’attends à ce qu’il fonde sur la tête de course pour aller chercher ce top10, largement accessible vu ses qualités pédestres… 
Mais voilà, je croise en chemin Julien des Girondins de Bordeaux, qui me lance que Dimitri est maintenant « dans le dur » et que Yohan est passé devant. Super pour Yohan ! Mince pour Dimitri !

Au bout de quelques instants, dans la longue ligne droite d’un kilomètre, entre les supporters, surgit le premier… c’est Iliam du MSA. Un jeune qui courrait avec Dimitri en Normandie et qui a terminé derrière Dimitri aux France de Duathlon. Il a l’air bien, il a sorti la course du jour. Chapeau !

Le premier a fait un petit écart puis ça passe au compte-goutte. Le favori Pablo de Saint Raphaël passe finalement 3°. Le podium est joué. J’aperçois au loin la tenue jaune de Dimitri au milieu d’un petit paquet d’athlètes qui se tiennent tous en 30 secondes… 

Sa foulée n’est pas habituelle, il pioche effectivement…. Yohan est devant lui, je l’encourage…. Yohan, ci-dessous au premier plan, signera le meilleur chrono pédestre de la course. Bravo ! Joli !


Dimitri passe.


Je l’encourage et lui dis qu’il a une pénalité de 5’’ au bout de ligne droite. S’il ne s’arrête pas, il sera disqualifié. Il s’y arrête, et y perd une place… 
Il doit maintenant être sur le point de terminer. 
Mamie et Papi doivent l’attendre. Ils applaudissent.


Quant à moi, je retourne en marchant vers l’arrivée.


Je demande à Mme BipBip son classement final par téléphone. Le message tombe au bout de quelques secondes : 16°. Outch ! M….. Yohan est 12°. Super régulier, autant au Duathlon qu’en Triathlon. Bravo Yohan !

Quand à Dimitri, il signe aujourd’hui le 30° chrono en CAP ???? Si si, 30° chrono. Surprenant pour un « concorde » hein Philippe ? Dimitri nous dira qu’il n’avait pas de jambes du tout, rien… pas de jus. Et la 7° place est 40’’ devant… avec une bonne CAP… oui mais avec des « si », on peut faire tellement de choses…

Je regagne donc l’aire d’arrivée. Je croise mes parents. Maman me voit un peu dépité. Bien entendu, j’admets assez tristement le résultat final…

Je pars tout de suite à la recherche de Dimitri. Je l’aperçois. Il erre, seul, un peu perdu derrière la zone de ravitaillement. Il semble chercher quelqu’un qu’il connaît… il a l’air triste… je m’approche. Il me voit. Il tombe dans mes bras, me serre fort et quelques larmes arrivent… Je lui dis que c’est le sport… on ne peut pas toujours être au top. 
Les premiers mots de Dimitri sont : « je ne sais pas nager » « j’avais pas de jambes en CAP »…

Oh que c’est difficile à cet instant de trouver des mots, les mots justes… « Ce n’est pas grave, c’est que du sport, et tu en vivras d’autres courses, t’inquiètes ! » Oui, mais ça ne le console pas vraiment… mais que dire de plus… c’est dur.

Seuls ceux qui font du sport à haut niveau, avec un investissement long dans le temps, peuvent comprendre ces moments, parce qu’il y a les entrainements de préparation avant d’arriver sur une course, il y a toute cette logistique, tous ces instants de partage avec l’athlète et sa mise en confiance et cette éternelle boite à outils dans laquelle il faut aller chercher ce qui convient… 
Oui, il y a tout cela, et en ce dimanche de juin, il y a une bonne part de déception, parce que je le répète, j’avais le sentiment que tous les feux étaient au vert. Je le sentais bien Mon Dimitri. Et ce qui lui arrive le jour J, peut arriver à tout le monde, même aux meilleurs. Le champion de France de Duathlon à Noyon, dossard 1, finit encore beaucoup plus loin derrière. La preuve.

Il faut prendre le sport de haut niveau comme il vient. Les planètes n’étaient pas alignées, voilà tout… le plus important, c’est de rebondir, chercher un autre objectif, travailler encore et un jour ou l’autre cela paiera. Il faut absolument que la tête domine les faits et soit orientée vers l’avenir et non sur le passé.

Dimitri tourne encore un peu en rond, le regard vide, la tête basse. Et pourtant, Mamie et Papi félicitent Dimitri chaleureusement… 
Je vois dans leurs yeux qu'ils sont fiers… 
« Tu te rends compte que tu es aux Championnats de France et en plus tu finis 16ème, c’est beau ! »
Mamie avait les larmes aux yeux. Mais ce fut difficile de consoler le Grand.

Ma Maman m’aura vu également ruminer pendant de longs moments… ruminer, parce que je, enfin nous, attendions mieux que cela… En tant que support à Dimitri pendant tous ses entraînements partagés et concoctés pour l’amener à l’objectif, étant donné l’investissement passé, il est évident qu’on se sent un peu « responsable » du résultat. Son résultat mitigé est aussi le mien, le nôtre… Mais bon, une 16° place dans un mauvais jour, c’est quand même beau… Beaucoup auraient signé avant de partir.

Pour terminer cette journée, nous avons encouragé Marie sur la course Cadettes, qui a fini 74° ! Bravo Marie, course solide quand même, je t’avais dit que tu l’aurais cette qualif’ en Triathlon et tu t’es bien battue. Bravo pour ta bonne humeur, bravo à ta petite famille ! Et bravo pour la moutarde d’Instagram qui a repéré la championne de Nay !

Puis, nous avons souhaité bonne course à Oscar du HAC, qui nous semblait plutôt bien sur le vélo en pleine remontada… mais ensuite on a du filer, car Albertville c’est loin de Pau… et mine de rien, nous sommes arrivés à plus de minuit à la maison…

  • Merci à Chris pour les entrainements faits avec Dimitri pendant mes absences (notamment en Argentine) et pour ce que tu lui apportes en plus de ce que je lui apprends déjà. 
  • Merci à Chris de ChrisBike pour la préparation du Vélo. 
  • Merci à tous ceux qui suivent Dimitri de près, de loin… 
  • Merci aux 3 cadettes du club (Marie, Agathe, Emma) qui partagent des bons moments de sport avec nous. 
  • Merci à Jean Michel pour les quelques clichés de Dimitri en plein action distillés dans ce récit. 
  • Et quel bonheur d’avoir eu ses grands-parents en supporters privilégiés !

Dimitri est jeune. 
Apprendre, tourner cette page pour en écrire d’autres. 
Avancer, regarder vers l’avenir sera le fin mot de l’histoire…  à la recherche de futurs bons alignements de planètes...



5 commentaires :

  1. Patrice Hiriberry7 juin 2019 à 19:57

    Moi je dis bravo. Il répond toujours présent sur les courses auxquelles il participe. Ces courses sont faites pour apprendre et progresser afin d'être au top dans les catégories juniors et seniors. Il a de beaux jours devant lui. Merci pour les encouragements et les photos de Yohan. A très vite pour de nouveaux moments de partage.

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    1. Merci Patrice. Il faut du temps effectivement... et le but c'est qu'ils prennent du plaisir...

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  2. Ce que je retiens, le moment le plus émouvant dans les bras l'un de l'autre, y a pas mieux. Un jour sans, cela arrive, course à oublier, d'autres vont arriver et Dimitri va rebondir.

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    1. Aucun doute sur le rebond, il a une attitude positive.

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  3. Jacques Mignot7 juin 2019 à 19:58

    Bravo à Dimitri d'être déjà arrivé à ce niveau et qu'il sache que les échecs rendent toujours plus forts et il y aura d'autres très belles courses.... Bises à toute la petite famille

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