Un KOM: une illusion ?
Une année entière sans mettre un dossard,
forcément, ça peut anéantir l’envie de s’entraîner. Car il est bien difficile
de trouver la motivation des grands jours sans objectif. Une préparation à une
compétition majeure demande en effet de la planification mais surtout de la
visibilité pour aborder l’objectif. Cela permet de mettre en place toutes les
étapes qui mèneront au pic de forme et à l’aboutissement de la Finish Line.
Or la grippe du COVID, et toute la mascarade qui
gravite autour, a anéanti non seulement nos appétits de compétiteurs mais
également chamboulé notre manière de penser en terme de training. Ce virus finalement
inoffensif pour toutes les personnes en bonne santé sanctionne malheureusement
tous les sportifs qui, eux, ne risquent quasiment rien. Je vois mal une personne malade s'aligner sur un Triathlon... bref !
Confiné oblige, j’ai beaucoup couru. Sorti du
confinement, j’ai beaucoup roulé.
Et c’est là, qu’avec mon aîné, nous avons commencé à jouer aux KOM.
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KOM : qu’est-ce que c’est ?
Un KOM est une section en vélo ou en CAP sur
laquelle des milliers de personnes passent avec leur montre ou compteur,
connecté aux GPS. Les sorties étant enregistrées puis consultables sur des
applications, type Garmin, Strava, Suunto… En consultant sa séance, on se
rend compte que certains utilisateurs ont créé des segments sur lesquels
certains vont vite, d’autres doucement, ceci en fonction de son modeste niveau.
Et à partir de là, un classement est effectué.
Allez pour que tout le monde comprenne, j’illustre
cela par un exemple pour que ce soit plus clair.
Sur le segment ci-dessus, nommé « D938 Speedway », long de 4.32km, 1609 tentatives ont été faites ou pas d’ailleurs, par 813 personnes. Ce qui signifie que 813 personnes ont parcouru cette portion, et que certains y sont passées plusieurs fois, moi par exemple j’y suis passé en tout trois fois, lors de mes sorties vélo…
La couronne est attribuée au meilleur sportif sur un segment donné, le KOM : King of Mountain, ou CR : Record de Course, c'est-à-dire au sportif le plus rapide du classement général de ce segment.
C'est donc un classement établi en fonction des
1609 fois.
Voici par exemple celui du segment. Le premier a
dû le faire avec la montre au poignet dans la voiture ou en moto (79,5 km/h), le second est
un cycliste professionnel de la région, ect…
Ceci étant expliqué, let's go !
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Pour moi, tout a commencé sans le savoir lors des séances pédestres, proche de la maison, pendant le confinement.
En prenant sans le savoir un KOM à mon Grand, c’est-à-dire que je me suis retrouvé avec la couronne sur la tête sur une portion de 600m de CAP. A peine rentré de mon footing, mon fils, recevant l’alerte sur son portable, me dit que dès cet après-midi il repassera devant…
Cela n’a pas loupé, 5h plus tard, je
n’avais plus la couronne (KOM), explosé de plus de 30 secondes…
Et de fil en aiguille, le retour sur la route a
créé cette petite émulation. A savoir planifier au cours de sa sortie cycliste,
la tentative d’un record sur une portion…
Voilà comment l’engrenage arrive et comment
l’absence cruelle de compétition a fini par réveiller chez certains,
compétiteurs en manque, la planification de certains KOM dans nos activités et
fait naître ce nouvel appétit pour les défis.
Oui mais attention, après, je choisis mes segments pour l'exercice : des profils qui me conviennent comme les faux plats montants ou les portions roulantes (je n'aurai jamais un record sur une montée de col), des routes peu fréquentées, des segments non dangereux sans trop de rond-points ou autres aléas liés à la circulation, parce quand on est lancé dans le chrono, on peut perdre un peu de vigilance. Prudence avant tout. Une gamelle en vélo, ça arrive vite !
Et au regard du nombre de personnes passant par le même endroit, et comme certains autres athlètes ont forcément les mêmes ambitions, à savoir devenir le titulaire du KOM ou se classer parmi les meilleurs, autant vous dire que le niveau est très très très relevé. Je n'exagère pas, sauf quand certains passent en voiture ou en scooter ou roulent derrière le scooter, mais là, çà se voit ! Enfin pas toujours...
Bref ! De toute façon, imaginer se taper dedans pendant toute la sortie est une pure fiction. Déjà aborder la section et s’y donner à 100% puise une énergie incroyable, même sur une petite bosse de 300m, passée autour de 40km/h en mode explosif, je peux vous avouer que ça tape…
Alors, c'est vrai que pour certains rentrer dans un top 20
paraît parfaitement impossible, mais pour les plus aguerris, qui ont un certain âge
et qui se classent pas trop mal, on est en droit de demander quel coureur j’aurai
pu faire si j’avais saisi ma chance plus jeune…
Et ça là que j’arrive au talent.
Et la plupart d’entre nous sont absolument incapables de cette rigueur au quotidien et surtout à long terme pour gravir tous les échelons de la réussite, qui passent parfois par les doutes, les blessures et le mental pour résister à tous les aléas ?
Alors, coureur bien classé dans les KOM ou pas, ne
devient champion cycliste ou triathlète professionnel que celui
qui a :
- Un talent pour le sport d’endurance avec sans doute une VO2 Max au dessus des 70-75ml/kg/min
- Des qualités naturelles dans le geste et la technique
- Un gainage du haut du corps très solide
- La capacité à rouler très vite pendant quelques minutes pour créer une échappée
- Des capacités de récupération hors norme
- La possibilité de solliciter son organisme fortement et régulièrement pendant les entraînements et adapter la charge en fonction des progrès
- Une abnégation au quotidien pour conserver une très bonne hygiène de vie
- Une santé excellente, rarement malade
- D’excellentes capacités d’adaptation
Vous l’avez compris, prendre un KOM du coin, vélo ou CAP, ne
signifie pas que vous êtes une machine et que vous auriez pu avoir une belle
carrière sportive…
Non ! Par contre comparer les perfs dans le temps ça peut être intéressant.
Car pour être un Champion en sport, le talent et la
génétique font tout… ce n’est pas
donné à tout le monde d’être et surtout durer.
"Ce qui compte, c'est d'être le champion de soi-même“, (Diagana)
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