SWIM + BIKE + RUN = TRIATHLON

Pour atteindre un objectif, soit on se donne les moyens, soit on se trouve des excuses.

dimanche 30 mars 2025

FAIRE DIRE "KILL" AU MAITRE !


Adrien disait qu'il ne fît pas assez souvent de course. L'ambiance, le fait de se retrouver à plusieurs, et pas seulement lors d'une compétition qualificative comme au Duathlon où finalement il a manqué de repères, de pêche, de fight... Comme dirait Van Damme : 

''Quand tu prends confiance en la confiance, tu deviens confiant"

Bref, j'étais d'accord pour l'accompagner à Soues, aux pieds de Pyrénées, pour faire la Gambettoise, mêlant les mots 'gambettes' pour les jambes et 'toise', qui en vieux français correspond à une longueur de six pieds, alors que l'on court avec deux pieds ! ??? Cherchez pas à comprendre, il n'y a rien à comprendre. 


J'étais sur le point de valider son inscription sur internet, quand je me suis dit que ce serait con de faire le planton à l'attendre. Pourquoi votre BipBip ne se délecterait pas lui aussi du paysage Tarbais et ses Pyrénées enneigés ? Je cours depuis quelques temps en mode endurance et sans me blesser (quel bonheur) alors pourquoi ne pas savoir où j'en suis sur cette distance qui n'est pas la plus facile ? Pim pam poum ! Après quelques secondes de réflexion, je suis en train de valider mon inscription moi aussi. 

Nous voilà donc inscrits pour ce 10kms, course hors stade, convaincu pour l'un, sur un malentendu pour l'autre. Oyé oyé braves gens ! 

Quand Adrien me demande à quelle heure on part demain, je l'informe que je serai aussi de la partie. Il reste sans voix ! Eh oui ! 

Cela fait 10 ans que je n'ai pas fait un dix kil' avec un dossard. C'était en 2015 ! La marque chronométrique de cette dernière fois affichait un modeste 44mn40''.

Question existentielle : quel temps viser ? Je n'en ai aucune idée. Ne courant pas plus vite que 11.5km/h en endurance... et m'étant dieselfié avec les IronMan, je n'ai plus de repère. De quoi suis-je encore capable ? 

La surprise sera à l'arrivée.

Ccomme dirait encore Jean Claude : "Je crois au moment. S'il n'y a pas le moment, à ce moment-là, il faut arriver à ce moment-là, au moment qu'on veut''. 

Traduction, interprétation: j'arriverai quand j'arriverai.

Nous voilà donc sur la ligne de départ avec Adrien. Photo prise 10mn avant de s'élancer.

Le gars qui nous fait le briefing doit être instituteur. On le sent à sa manière de s'exprimer, d'exiger le silence aux coureurs irrespectueux pendant qu'il explique... presque qu'on aurait envie de lui poser des questions.

Bon allez, trêve de plaisanterie. Maintenant faut courir ! 

Adrien a son temps cible au kilomètre, moi aussi. Bon, pas de cachoterie. Je vous le dis. Ce sera 4'30''. Pile entre 4 et 5 minutes, ça me semblait bien.

Ca part ! Vite ! Adrien prend la poudre d'escampette. Devant, un jeune triathlète de Tarbes déboule comme une balle. Adrien le suit, à 500m, il met le frein car le jeune est en 3'10'' au kilo. Et heureusement qu'il a ralenti, car le jeune explosera après 1500m. Inutile de vous dire que je regarde Adrien s'éloigner... 

De mon côté, je pars plutôt bien. Trop bien même ! Après 400/500m je suis en 4'15''. ''Oh peucheure'' me dis-je, "Trop vite ! Je ne tiendrai pas." Pied sur le frein et main sur le frein à main, mais sans le dérapage. Revenons à une allure raisonnable.

KM1 : 4'31''. Yes ! Nickel ! 

Le parcours est à moitié en faux plat montant sur la première partie et en faux plat descendant sur le retour, forcément. Après une longue ligne droite en courbe (oui je sais, c'est spécial, mais le plan ci-dessus sera plus explicite, c'est juste après le premier coude). 

On arrive au KM2. 4'38''. 

Oh bonne mère ! Je fléchis déjà. "Te laisse pas abattre, ça va au niveau souffle, donc accélère un peu, sinon le 4'30'' de moyenne, c'est mort !''


KM3, 4'45''. Eh oh ! Je croyais que j'avais accéléré. Ma montre, elle, me dit le contraire. Heureusement, à l'arrivée, Adrien me confirmera que les passages sous frondaison ont dû diminuer le signal car pour lui aussi, ses temps afficheront un peu plus lent sur cette portion. KM4, 4'48''. Je peste. J'ai l'impression d'accélérer et pourtant le Garmin, implacable juge de paix, me dit le contraire. 

Après, c'est vrai. Niveau sensations, les jambes commencent à se durcir un peu. Le faux plat montant ? Le petit vent ? Vous savez ce que c'est, tout athlète trouve toujours des petites excuses pour se conforter dans le ressenti du 'moins bien'.

KM5. Je suis à 23mn30'' pile, en cumul ! Oups ! Si je fais le double, ce sera 47mn au 10km. Là, le moral prend un petit coup, j'espérais un peu mieux que ça. Et le pire c'est que je ne sens pas aussi 'en dedans'.

Et là arrive une bosse, inattendue, imprévue, et casse pattes en plus. 

Adrien dira :''Tu m'avais dit faux plat montant puis descendant''... ''Oui oui, j'avais dit ça''

Finalement, je monte cette petite bosse plutôt pas mal. Elle passe bien puisque je double deux gars. Et dans mon dos, j'ai oublié de préciser, depuis quasiment le début, il y a toujours le même coureur qui me suit et à qui je sers de lièvre depuis le premier kilomètre. Je pensais le semer à un moment. Même pas !!! Pour la petite histoire, il me doublera à 1km de l'arrivée le suceur de Saucony. Sans prendre un seul relais. Enfoiré !

La bosse est passée. Yes, ça descend ! 

J'utilise ma masse pour me mettre en boule tel un MM's, jaune, bien sûr. La moyenne augmente sensiblement. Je fais même une pointe à 3'45'' selon Garmin. Espérons qu'il n'y avait pas de radar tourelle. 

KM6: 4'20''. 

Après la petite boucle comprenant la bosse, on retrouve la première partie déjà parcourue tout à l'heure, mais cette fois dans l'autre sens, en faux plat descendant. 

KM7: 4'25''. Purée reste encore trois bornes. Chauffe Marcel, chauffe. 

KM8: 4'28''. Bon ! Il est temps que ça se termine cette affaire. J'ai les quadris qui tiraillent et pas que, ''les hanches qui se démanchent, le thorax qui se désaxe''... 

Adrien a dû arriver. Peut-être viendra-t-il à ma rencontre le farfadet ?

KM9 passé: 4'34''. 

Je vois arriver Adrien. Il m'encourage. "Allez Papa ! 500m !" Je sentirais presque l'écurie. Le chrono indique 44mn pile lorsqu'il me crie qu'il reste 300m. Chaud pour le sub-45 ! Passera pas, passera pas, c'est sûr, passera pas.

Je coupe la ligne en 45mn15''. Outch ! Les derniers kilomètres furent compliqués. Mais finalement, satisfait de cette improvisation 10-bornique. Avec 10 ans de plus, sans trop d'entrainement, je ne vais pas me plaindre. 

Je termine 38ème sur 106, 8ème de catégorie.

Adrien fait de son côté une belle course, un peu en dedans d'après son ressenti. Il a été prudent sur la première partie en se calant au rythme de trois ou quatre gars pour les lâcher à 3kms de l'arrivée. 

Il est 5ème au scratch, 1er Cadet avec un 35mn01''.

Ben voilà ! 

Comment retrouver le bitume et un dossard. Au talent ! 

Car comme dirait Jean Claude : "Le talent, ça se travaille, mais ça ne se perd pas."

 

mercredi 26 mars 2025

PREMIER DUATHLON 2025



Premier Duathlon de la saison. Périgueux !

Course 10-13 ans

1km CAP – 5km Vélo – 750m CAP pour Sacha, motivé comme jamais. 

Ils sont 125 aux ordres du starter. Tous déchainés à partir à fond.

Sacha part très bien. Il est placé dans les 15 premiers. Après 300m de course, il est 6eme et court assez facile. Sur le faux plat montant, un concurrent prend le large, un second est intercalé, et après il y a le peloton d'athlètes. Sacha est en tête de ce groupe de chasse. 

Il revient dans le parc en troisième position. La transition n’est pas très bonne, puisqu’il ressort du parc à vélos à la douzième place.

Sur la boucle de 5km, qu’il dira avoir aimé, il reprend les places perdues. Il mène un groupe de 5 cyclistes placés juste derrière les deux unités qui sont toujours en tête. 

Belle remontée. Il descend du vélo en 4ème position. 

A nouveau, la transition n’est pas très bonne et il perd des places. Il est 7ème pour s’élancer sur la seconde portion pédestre. Je suis à la sortie du parc à vélos et lui crie qu’il faut revenir sur le plus petit d’entre eux. 

Il semble combler le trou et revenir à 15m mais, à cause d'un départ trop rapide, il cale et ne parvient pas à le rejoindre.

Il est néanmoins 5ème. Le premier de la course est bien celui que je lui avais dit de suivre. Il l’emporte au sprint, tandis que Sacha lui aussi sprinte pour garder sa 5ème place.

Bravo. Belle course avec les Benjamins. Sacha finit 5ème au général et 2ème Pupille.

 



Course Sprint, qualificative aux France

Adrien est plus ou moins en forme. Embêté par des périostites il y a trois semaines, il n’a pas trop couru mais semble confiant en ses chances de bien figurer. 

Il participe au Duathlon Sprint (5km CAP / 4 boucles de 5kms Velo / 2.5km CAP) avec ses deux potes de club avec lesquels il s'entraine.

Le Duathlon est un sport violent. Les 110 athlètes partent à plus de 20km/h et restent autour de 18-19km/h pour ensuite enchainer avec le vélo. Une discipline de fous !

Adrien se place dans les premières places. Les fauves sont lâchés et il se positionne devant pour bien se placer. Il est aux avant-postes.

Là, je me dis ‘’parti trop vite’’… 

Il dira par la suite "Je courais à 3’10’’ au kilo et personne ne passait." Bref. 

Quand les concurrents reviennent après 2.5kms de CAP dans les jambes, Adrien n’est plus en tête, intercalé entre deux paquets, mais ils sont trois, dont son copain Raphael.


En abordant la deuxième petite boucle, Adrien accélère et regagne du terrain sur la tête de course en lâchant Raphael. Il a l’air pas mal. 

Au final, un chrono en deçà de ce qu’il souhaitait : 17mn pile. 

La transition se passe bien. Je suis à la sortie du parc à vélos et lui crie que Pako, un athlète qu'il connait, est à 20 secondes devant. Information prise.

C’est parti pour 4 tours à fond la caisse. 

On le verra passer 7 fois devant nous. Adrien est dans le 4ème paquet de cyclistes. 4 hommes en tête, 8 unités intercalées à 30’’, 3ème paquet à 1mn et le groupe d’Adrien encore 40 secondes derrière. 

Sur le second tour, le 3ème groupe a littéralement explosé et donc ceux de derrière reviennent à la charge. La course est rapide. Ca roule vite, très vite. En dehors des deux premiers qui continuent à creuser l'écart, derrière, ça craque un peu. 

Adrien donne ce qu’il peut. Avant la fin du vélo, Adrien lance une attaque pour se détacher de son groupe et rentrer dans le parc à vélos plus sereinement. Malheureusement, des crampes aux mollets arrivent. Il continue, descend du vélo et se dirige vers la transition. 

Je le suis pour me mettre en sortie de parc. Il attaque la portion pédestre, le rythme semble bon, mais au bout de 250m, souffle coupé, il se plie en deux, comme s’il avait mal au dos. Il perd beaucoup de places. 

Il y a deux boucles de 1250m à faire. Il marche. Puis repart en courant au ralenti. Outch ! Ca va être long. 

A la fin de la première boucle, il a perdu beaucoup de places. Raphael, son pote de club, le rattrape petit à petit et il n’a pas l’air au mieux lui aussi. 

A 500m de la fin, il le double. Adrien finit comme il peut, quelques secondes après… sous l’heure. Une seconde CAP très longue pour lui.

A l’arrivée, c’est la grande déception. Ses problèmes de respiration l’ont empêché de courir correctement. Il termine au milieu du classement…

Pas de Championnat de France Duathlon. 

Il n'y avait que 6 places à prendre en Cadets.


mardi 25 février 2025

UN BEAU DUO, GAGNANT !


Sacha participait au Bike and Run de Franqueville avec son copain d'entrainement Théo. La compétition était organisée par Pau Triathlon et elle ouvrait le bal de la saison 2025.

Théo et Sacha étaient super motivés de bien figurer sur cette épreuve en duo. Principe de l'épreuve: un athlète court pendant que l'autre fait du vélo et on échange les rôles en fonction de la fatigue.

21 équipes sont au départ pour une distance totale de 5.5kms en deux boucles. 

Sur les 21 équipes, 18 sont des adultes/enfants de plus de 13 ans.

Sacha part en premier sur le segment CAP. Dossard 2.

Il effectue un tour de 400m avant de rejoindre Théo sur la ligne de départ. Il revient 3ème. Là ils échangent les rôles, et c'est parti pour 2 boucles alternées de CAP et de VTT.


L'entente entre les deux est très bonne. 

A la fin de la première boucle, un duo de minimes s'est largement détaché. Suivent 8 duos qui se tiennent au coude à coude, dont Sacha et Théo qui passe 6ème, à peine 15 secondes d'avance sur leurs poursuivants qui sont dans la même catégorie.

Quand ils repartent, ils sont mieux organisés pour se passer les relais et finissent par distancer leur duo concurrent. 

Ils reviennent vers la ligne d'arrivée en ayant fait une belle seconde boucle. Ils ont doublé le duo devant eux sur la photo du dessus que l'on voit derrière eux sur la photo en dessous.


Synchronisés et concentrés devant le beau château de Franqueville. 


Ils terminent 5ème au général et gagnent dans leur catégorie en mettant 1'15'' à leur concurrent direct. Et pas très loin des duos classés 2ème, 3ème et 4ème.


Bravo les garçons pour votre victoire ! 

On vous a senti appliqués et surtout vous vous êtes bien amusés ! 

Là était l'essentiel sous un magnifique soleil printanier. 



lundi 28 octobre 2024

KONA 2024

 


Il y a longtemps que je n'avais suivi la finale du Championnat du Monde IronMan à Hawaï. Sans doute parce qu'une année sur deux, cela se passe à Nice (et Nice, bof bof), probablement parce que la gangrène financière et le "business à tout prix" ajoutent un parfum d'accessibilité à cette course que j'ai toujours considérée comme une course mythique. 

Rendez-vous compte. Mettre un dossard pour Kona, après une qualification très difficile à obtenir, se paie aujourd'hui 1 300 euros ! Oui ! Cela coûtait un peu plus de 500 euros il y a encore quelques temps, avant la période  COVID ! 

Est-ce que ce monde est sérieux ? 

Certains anciens pensent comme moi. L'argent a tout tué. On avait autrefois des reportages photos sur avant, pendant et après la course. Aujourd'hui, c'est devenu tellement cher, inabordable. Même les sponsors deviennent frileux si vous n'avez pas un nom. C'est un peu à l'image du post de Kona2024 sur OnlineTri qui se limite aujourd'hui à une vingtaine de pages à peine, alors que dix ans en arrière, on y vivait le live avec passion et on postait à tout va !

Mais Kona reste Kona. La légende de l'IronMan. Alors ! 

J'y ai vécu de tels moments derrière mon écran. J'ai revu après coup des duels fantastiques entre Dave Scott et Mark Allen, j'ai le souvenir des Jurgen Zack, Mark Lieto ou Thorbjorn Sindballe qui explosaient tout le monde en vélo, je me souviens des Macca, Alexander ou encore Andreas Raelert (Andreas avait un style, une classe, un fairplay) qui avalaient les marathons comme des torpilles. "Un temps que les gars de 20 ans ne peuvent pas connaitre." 

Souvenirs souvenirs.

Alors cette année bien sûr, j'attendais comme tous les passionnés de la distance Reine la consécration de Sam Laidlow qui paraissait au dessus de lot, même si un Magnus Ditlev, récent exploseur de record à Roth ou un Patrick Lange vieillissant et second à Nice aux Championnats du Monde l'an dernier pouvaient jouer les trouble fêtes ! Vieillissant, c'était vite dit. En 2011, Alexander fut champion du monde à 38 ans ! 

Et puis, pourquoi suivre Kona 2024 ? Parce que mon pote Adrien était de la partie en GA 50/54, remarquablement qualifié à Vichy l'an passé.

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Alors, quand le canon a lâché les 54 pros de cette édition sur Big Island, j'étais là, heureux comme un gosse que l'IronMan d'Hawaï a toujours fait rêvé.

 

Et c'est parti ! C'est vrai que ça ne nage pas "très beau", mais ça avance incroyablement vite. Super d'ailleurs le coup des bonnets de couleur pour repérer les athlètes. Patrick Lange, dossard 2.

Comme par hasard, notre français Sam Laidlow mène, en tête ou bien second, profitant de l'aspiration d'un poisson pilote. Les écarts ne seront pas très importants à l'issue de la Natation. Sam prit même le loisir à un moment de se retourner, nageant sur le dos, pour regarder s'il avait fait le trou ou pas. Pas vraiment en fait. C'est donc avec un écart assez faible que tout ce petit monde entrait dans l'aire de transition.


A la sortie du parc à vélos, je suis surpris de voir certains pros monter sur leurs vélos comme de bons amateurs, loin des velléités et de l'adresse des jeunes cadets que je vois sur les championnats de France Jeunes qui eux enfourchent leur vélo et mettent leurs chaussures avec une rapidité impressionnante. Non, certains montaient sur leur vélo comme d'autres montaient sur le dos d'un âne.

Et c'est parti pour les 180 kms de vélo. On se dit, que vu les écarts à la sortie de l'eau, ça va rouler ensemble... en respectant les 12 mètres. 

Mais c'est sans compter sur le talent impressionnant de Sam Laidlow qui prend d'entrée la poudre d'escampette et creuse l'écart. Et quel écart ! Le garçon est seul au monde.

Derrière, ça roule fort ! Très fort ! Imaginez donc le numéro de l'homme de tête, qui lui roule tout seul. 

Magnus Ditlev dira après en interview: "On est tous partis comme des balles, comme si c'était un HALF !" 

Certains plient. On voit un Blummenfelt, souvent en danseuse, qui vomit malgré la remontée incroyable qu'il est en train de faire. 

Patrick Lange est aussi dans le coup, mais plus "raisonnable". Il roule au tempo. Certains athlètes s'en sortent bien: le suédois Robert Kallin, le novice néerlandais Koolhass... 

Le train avance. Les athlètes sont alignés les uns derrière les autres, avec aujourd'hui ce dispositif derrière la selle indiquant s'ils respectent bien les 12 mètres du drafting. Une petite lumière s'allume si ce n'est pas le cas. Lange est là, en bleu, avec son Canyon.

Pendant ce temps, le tenant du titre français ne fléchit pas. Il roule seul. Seul au monde à un rythme infernal. Le paiera-t-il plus tard ?

Le vélo se termine. Sam Laidlow boucle la partie cycliste sous les 4h. 

3h57 ! Record de l'épreuve. Incroyable. 

Dire qu'on trouvait déjà astronomique les 4h21 d'un Sindballe en 2008 ! Tout évolue. Les vélos sont plus performants, les athlètes mieux préparés avec des entrainements digitalisés à fond ! Est-ce que Sindballe aurait fait mieux avec tous les moyens actuels ? 

C'est comme un Mickael Johnson en Athlétisme sur 200m. Presque sûr qu'il aurait explosé tout le monde s'il avait eu lui aussi des semelles en carbone et des pistes d'athlé aux revêtements de plus en plus rebondissants. Il faut évoluer avec son temps, certes, mais il faut reconnaitre que la course aux perfs pipent un peu la donne. Non ? (parenthèse refermée)


Sam Laidlow revient à l'aire de transition avec une avance confortable. Près de 6 minutes sur les suivants et 9 minutes sur les favoris que sont Ditlev, Lange... 

Bonne surprise, Léon Chevalier revient au parc en 6ème position après une très belle remontée en vélo.

Quand Sam sort du parc pour entamer le marathon, il harangue la foule. On se dit alors qu'il est dans un bon jour. Cocorico ! Sam Laidlow, solide coureur, va le faire. Il va être Champion du Monde à Kona. 

Mais le monstre du Marathon reste le Marathon ! 

"Ca se perd à la natation et ça se gagne en course à pied !!!"


Derrière les outsiders partent ! Blummenfelt file comme une balle et fait une remontée au début de la course à pied ! Le suédois revenu second au parc, Kallin, explose vite... Il voit passer le train. 

Mais encore plus impressionnant, c'est Patrick Lange, l'allemand, vainqueur ici en 2017 et 2018, qui se met en mode fusée. Il part sur du 3'33'' au kilomètre ! Quelle foulée. Il n'y a rien à dire, ce type est beau à voir courir. Un exemple. Patrick Lange encourage toujours ceux qu'il double.

KM10. La montée de Palani. Sam Laidlow semble moins bien. Il court, mais pioche. Je me dis, ça monte c'est normal. Pendant ce temps, Lange est toujours aussi fluide. Foulée rasante, efficace. Une machine. Le néerlandais Koolhass et le français Chevallier sont aussi dans un good mood. Ils courent vraiment bien.

En voyant Sam aux ravitos, je me dis quand même qu'il boit beaucoup, beaucoup trop par rapport aux autres. Il n'arrête pas de boire !

Quand Lange passe sur la montée de Palani, il a l'air mieux que le français. Donc, Laidlow n'est pas bien, ça se devine.

KM14. Laidlow n'a plus de batterie. Il marche, titube presque. Il est à l'arrêt. Patrick Lange revient. Il est derrière lui puis le passe. 

Super moment de respect entre deux champions !

Il lui tape sur la fesse, l'encourage... mais rien n'y fait.  

Mais pour le français champion du monde en titre, ça va être le début du défilé. Magnus Ditlev, Koolhass et Léon Chevalier, puis l'américain Von Berg... et une bonne dizaine d'autres. Parce que Sam finira 18ème, exténué, bien qu'il valide la meilleure marque Vélo de la course !

Pendant ce temps, Patrick Lange ne fléchit pas, même sur Energy Lab... La machine est en route. 

Léon Chevalier passe second, mais accuse le coup lorsque Magnus Ditlev le passe puis encore un peu plus tard l'américain Von Berg qui a une foulée plus aérienne. 

Tous les athlètes ont chaud. Très chaud ! Certains trempent leur tête dans la glace et d'autres remplissent leurs trifonctions de glaçons. Hawaï, c'est terrible : humidité et chaleur et aussi mentalement, car il faut les aligner les longues lignes droites qui font mal ! Et c'est jamais plat !

Patrick Lange va gagner. Le record de l'épreuve est même à sa portée. Il va le faire. Ca descend quand on approche de l'arrivée et il sait qu'il est dans un bon jour. Les GA qui entament le marathon l'encouragent.

Le champion du Monde 2024 exulte sur la ligne d'arrivée. 

Il a une énergie comme jamais je ne l'ai vu sur Hawaï. Incroyable ! 

Il dira que c'était la course parfaite ! Il signe le meilleur chrono de l'histoire à Kona en 7h35 ! C'est énorme !

Derrière, les autres concurrents arriveront, mais exténués. 

Je suis heureux de retrouver un nom du passé dans le top 10. Cameron Wurf (41 ans) termine 7ème, après un très beau marathon ! Respect !

Magnus Ditlev et Rudy Von Berg complètent le podium ! La médaille en chocolat revient à Léon Chevalier, notre français qui signe sa meilleure marque sur les championnats du Monde. 

Et là, je me souviens qu'à l'époque, nous étions fiers d'un Patrick Vernay 6ème ou d'un Cyril Viennot 5ème... 

Désormais, on peut compter sur les frenchies.

Laidlow : 18ème - Blummenfelt : 35ème. 

Ces marrants, ces deux-là ont tellement donné à vélo ! Trop ?

Le classement est le suivant :



Est ce qu'un Vélo un peu "en dedans" aurait permis à Sam de gagner ? Peut-être. Comme quoi, le Triathlon c'est bien 4 sports ! Natation, Vélo, CAP et Alimentation. 

Et donner un peu trop dans une discipline peut jouer sur les autres ?

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Voilà, il est 2h15. Je me couche. Non sans jeter un oeil sur l'appli IronMan pour savoir où est Adrien. 

Il vient de terminer le vélo et sort de l'aire de transition. Son chrono est moyen, il a dû souffrir ou alors pas de sensation. 

Je lui souhaite un bon marathon via Whatsapp. Il le verra quand il aura plié l'affaire. 

Au final, il fera un joli marathon ! 

Et une place honorable pour son 4ème Kona !!!! Bravo Machine !


lundi 7 octobre 2024

TOUCHER LE FOND !

Je participais ce Samedi 05 Octobre au Half IronMan du Vieux Boucau. Une très belle course: nage dans l'étang salé du Vieux Boucau, vraiment très sympa, parcours vélo roulant au milieu des Landes et puis 4 tours de CAP autour du même étang, sur un joli parcours. 

Tous les ingrédients étaient là. Même le soleil ! Il faisait frais avec la brise du matin.

Une phrase allait guider mon périple :

Il n'y a pas de course difficile. Il n'y a que des athlètes mal préparés.

J'ai commencé la préparation au début de l'été, avec beaucoup de Vélo et une reprise CAP progressive. L'accent serait mis en fin de préparation sur la Natation. Inutile de passer des heures dans le bac pour gagner une poignée de secondes. 

La montée en puissance se passait très bien. Des allures acceptables étaient au rendez-vous en CAP. J'avançais plutôt bien. Jusqu'à ce 21 août, où mon ischio gauche se contracture sévèrement en pleine séance de piste. Une erreur de débutant. Vouloir accélérer d'un seul coup pour doubler les plus jeunes. 

C'est le "d'un seul coup", la petite accélération brutale, que ma jambe n'a pas aimé. 

Sur le Sprint de Casteljaloux, après une bonne Nat et un gros Vélo, je ne ferais que 400m à pied avant d'abandonner. L'ischio est douloureux et me condamne à être patient : kiné, onde de chocs (aïe aïe aïe) pour soigner tout ça. 

Je refais un test 15 jours avant l'épreuve, je cours, mais pas plus de 600m. Cela s'annonce mal. Très mal. Je modifie la position de ma selle en vélo, pas judicieux non plus même si sur le moment j'y ai trouvé du mieux.

Je rabats tous mes entrainements sur le Vélo et sur la Nat en eau libre, le matin, de bonne heure vers 7h-7h15, en lac. Ces petites séances furent d'ailleurs extraordinaires. J'étais seul au monde dans une grande piscine avec les brumes du matin qui se dissipaient, au lever du soleil, dans une eau fraiche à 18° sans combinaison. J'ai adoré et j'en veux encore. Sur cette belle photo, on distingue dans la brume quatre des bouées autour desquelles j'évolue le matin.

La semaine qui précède, je coupe presque tout. Je n'aurai peut-être pas dû. 

Mais bon, pendant deux jours je suis absent de la maison pour le boulot et pas de bonnes conditions pour s'entrainer, notamment sur l'alimentation. Bref ! De toute façon, je ne veux prendre aucun risque à pied. Et surtout je ne veux pas savoir si ça tiendra le jour J. L'espoir fait vivre.

Et finalement, pendant ce HALF, tout ne se passera pas comme je l'attendais ! Enfin presque...

***

Il est 9h50. Tout est installé dans le parc et dans l'aire de transition. J'enfile la combinaison. Je suis prêt à y aller. Motivé et heureux d'être là.


"Les vieux" de plus de 50 ans partent à 10h10. Juste après les pros.

"L'exemple des plus de 50" dit le speaker. 

Oui et non ! 

Quand on a la fibre et quand on se maintient en forme, il n'y a pas de raison de ne pas pouvoir performer même encore après 50 ans.

Natation 1900m - eau 17°

Et c'est parti ! Les fauves sont lâchés. 

Je pars plutôt bien et me retrouve dans les tous premiers des 60 athlètes de plus de 50 ans. La première bouée arrive, super vite. 

J'ai même la chance d'être photographié du ciel en train de passer la première bouée. Le petit bouillon blanc, juste en haut à droite des immeubles du premier plan. On devine même les pros sortant en face, là où le petit canal se jette dans l'océan.

Je dois être dans les 15 premiers. Ensuite, j'ai des bonnes sensations. Je remonte des places dans la portion face au soleil qui éblouit un peu pour aller chercher la bouée du fond ! Mais, je me sens super bien. Je nage droit. Epaules légères. Petits battements de jambes. La bouée arrive déjà. Il faut revenir en arrière... 

Le retour se passe nickel aussi. J'accélère pour doubler deux gars. Troisième bouée. Hop, à droite. Là, il faut repiquer vers le départ pour faire une sortie à l'australienne. Cette portion m'aura paru longue. J'y perdrai sans doute une ou deux places. Pas grave.

La sortie australienne arrive. Adrien m'encourage. J'entends 12. Bien. 

Je cours sur la plage et quand je replonge dans l'étang, j'ai le souffle coupé sur 100m. Le passage de la position horizontale, verticale puis à nouveau horizontale, j'avais oublié. Dur ! 

Au bout d'une petite minute, je retrouve enfin le souffle et j'enquille tout droit vers la sortie d'en face !!! Elle arrive d'ailleurs assez vite !

Je m'extirpe de l'eau. J'ai un peu de mal à enlever le haut de la combinaison et j'ai aussi une sorte de petit vertige, je vois le sol basculer du côté droit. L'assiette est de travers. Comme quoi, il faut vraiment s'entrainer aux transitions. Chose que je ne fais presque plus. Axe de travail.

Transition 1

Je récupère le sac. J'y fourgue la combinaison et les lunettes, plein de sable avec. Je mets le dossard, casque, chaussettes, chaussures et c'est parti.

Vélo (90kms) - D+ 300

Arrive mon point fort. J'avais dit aux miens qu'en ce moment, en Vélo, j'envoyais du bois. Je comptais bien faire un gros chrono. J'avais fait 2h23 aux Sables d'Olonne sur un parcours exigeant, j'espérais mieux.

Hop, je sors du parc à vélos.

D'entrée de jeu, un sale petit dos d'âne. Mes deux bidons arrière sortent du logement. 

Flûte ! Ca commence bien !

Je veux faire demi-tour pour les récupérer mais une gentille dame arrive en courant à ma rencontre et me les rapporte. Merci Madame. Apparemment, je suis pas le premier. 

Et maintenant c'est parti !

J'essaie de trouver le bon braquet. Par contre, je suis très surpris par le vent. Il souffle fort et régulier l'enfoiré. Et la première partie est tout en faux plat montant jusqu'au KM30 et vent de face. J'appuie, sans pourtant me mettre dans le rouge. 

Au KM14, je double Pierre, un cinquantenaire de la Tribu 64 qui nage mieux que moi. Les routes sont nickelles. Il n'y a presque pas de voitures et on chemine au milieu des pins. C'est joli. 

Seuls bémols, le vent souffle fort et les lignes droites sont interminables.

Je maintiens un bon rythme. La moyenne avoisine les 33-34km/h. Après le KM30, on devrait avoir le vent de côté et un profil plat. À ce moment-là, j'ai prévu d'appuyer pour faire monter la moyenne... 

J'y arrive. Sauf que je n'envoie pas comme je voudrais. 

Vers le KM40, voilà que j'ai mal au dessus du genou gauche et au fessier du même côté. Je me lève pour relancer dans une petite bosse. Merde ! Crampe quadriceps gauche. Et jolie en plus. 

Quelques kilomètres plus loin, c'est aussi la jambe droite qui crampe. Et ben, ça s'annonce mal tout çà. Je pédale et fais plein d'arrêt pédalage pour me reposer les jambes. Je pédale par à-coups en fait.

Au KM45, Nicolas me double. Il est facile ! Je suis planté. 

Il me demande si ça va. 

Je lui réponds : "plus envie de pédaler"... et on est qu'à la moitié. 

Il me dit quelque chose mais je n'entends pas. Lui, en tout cas, il file comme une flèche. Il fera un joli 2h14. Un chrono que j'espérais sous les 2h20. Mais je sais déjà que c'est mort !

KM50, ravito. A partir de là, normalement, c'est plus descendant. Sauf qu'il y a toujours ce satané souffle constant. Il faut rester couché sur les prolongateurs pour subir le moins possible, mais mes deux quadriceps me torturent. Vraiment ! J'ai mal au dessus des deux genoux. C'est terrible. Je ne peux pas appuyer.

La bosse au KM60 est presque bienvenue. Je monte en danseuse. J'ai moins mal. Derrière il y a une bonne descente. Je ne pédale plus et je me laisse glisser. D'habitude, en descente, on peut gagner beaucoup de temps et j'envoie du bois. Là, rien. Je me repose. Et ça me gave de ne rien pouvoir faire.

KM70. Ouah c'est long. J'en ai plein le c... 

Je regarde défiler les kilomètres. Sur le compteur, ça n'avance pas. J'ai trop mal au dessus des genoux, surtout le gauche. Les quadriceps sont tétanisés. Je bois, je mange un peu, mais ça ne passe toujours pas.

KM80. Je finis les 10 derniers en roulant à 25km/h. Mode balade. 

Je me fais passer par plein de concurrents depuis maintenant 30kms. Jamais je n'en reprendrai un seul. Ah si, une fille, Julie, mais elle me déposera dans les 5 derniers kms où je ne peux plus rien faire.

Bon, dans ma tête, c'est clair. Je pose le vélo et j'arrête ! 

Je ne vois pas comment je vais pouvoir courir avec des quadris en bois et sous le couperet de l'ischio blessé qui plane. N'ayant pas couru tout le mois de septembre, pas sûr que l'ischio supporte les 21 kms.

Je passe devant les miens qui attendent depuis un moment au rond point.


Adrien me dit qu'il a compris que "ça ne va pas du tout" au regard du chrono réalisé. Ben oui, je suis à 2h40. 
Au passage, je leur crie que je suis crampé de partout !!!

Je finis en roue libre. Dégoûté. Les bénévoles m'encouragent. Ils me disent "bravo, c'est bien"... s'ils savaient dans quel état je suis ! Et surtout que je ne suis pas à ma place. Mais ayant été bénévole, on ne connait pas les athlètes et leurs valeurs, donc, on encourage ! Merci à vous tous ! C'est grâce à vous que l'épreuve est possible. Vous avez été super tout le long.

Transition 2

Je descends du vélo. Mais pas comme d'habitude. 

D'habitude, c'est un pied sur une pédale et puis la jambe arrière qui passe par dessus la selle. Et hop ! On saute. Là, non ! Cette fois, je ne peux pas, je suis crampé à mort. Alors je m'arrête. Je pose mes deux pieds de chaque côté du cadre et j'enjambe le vélo comme je peux pour descendre. 

J'ai pris 30 ans en 90kms ! C'est Papi Fredo !

Je pose le vélo à sa place. 

Je croise Serge, un des arbitres de la région, super sympa, et il me dit que ça n'a pas l'air d'aller. 

Ah, ça se voit tant que ça !!! Je lui avoue que je suis crampé de partout. 

Là, il me dit : "Pars doucement, des fois ça passe..." Mouais !

Je récupère le sac de transition pour prendre mes affaires de CAP. Je me chausse. Casquette. J'hésite quelques secondes et puis finalement, je pars. J'avais prévu de bâcher ! Mais j'essaie !

CAP (21.5KM, 4 tours)

Je m'élance. À la sortie de l'aire de transition, il y a Stéphane de l'aviron bayonnais. Je m'arrête pour le saluer. J'ai deux morceaux de bois à la place des jambes. Je cours comme Robocop ! J'ai mal. 

Je repars petite foulée... vraiment petites foulées... 

Courir avec des crampes, c'est possible, mais il faut vraiment être fou pour le faire, et courir sur l'arrière du pied. Tout en mode "appui sur le talon", sinon c'est quadris bloqués. Cela ne passe pas. Je marche à nouveau. Je m'arrête et m'étire. Outch ! C'est douloureux !!! 

Je repars comme je peux. Surprise ! Pierre me double... Eh ben ! 

J'avance lentement. Lentement. Le premier ravito arrive. Je pioche dans les Haribo réglisse... et l'effet kiss cool se produit, enfin c'est un bien grand mot, disons que ça me relance un peu.

Je cours aux alentours des 10km/h. Et encore. J'arrive presque à la fin du premier tour et je vois les miens qui s'inquiètent. 

Je suis sec, j'ai mal de partout et il reste 15kms.

Je ne vais pas vous raconter mon chemin de croix pendant encore deux tours. Je vous l'épargne. Ci-dessous, la fin du premier tour et le tout début du second.

À la fin du second tour, au même endroit, et donc début de troisième, je m'arrête près des miens et demande à Sacha si je vais jusqu'au bout ou si je m'arrête ! 

Il me répond jusqu'au bout !

Bon ! C'est parti alors.

Les crampes ne sont plus là. Mais je n'ai pas de jus. Faire un semi-marathon sans avoir couru depuis plus d'un mois et demi, après un vélo douloureux, c'est un peu fou ! 

Il y a toujours un peu de folie dans le sport comme il y a toujours un peu de sport dans la folie. Car on ne devient pas fou si facilement ! Oh que non ! Et puis comme des gens raisonnables, j'en connais beaucoup trop. Alors c'est parti. Je serai un fou aujourd'hui ! 

Je suis sec, j'ai des jambes en béton, je n'avance pas et j'en ai marre. Mais tant pis, je repars.

Ici, c'est la fin du troisième tour. Plus qu'un. Rien à signaler côté ischio. Je frappe dans les mains, comme si j'étais facile, décontracté, plein d'énergie... comme si !


Ce 3ème tour fut ardu. 

Mais je ne sais pas encore à cet instant que le 4ème et dernier sera pire.

J'entame donc le dernier tour. 

Juste avant, je m'arrête près des miens. Smack. Et c'est reparti. Plus qu'un !

Et là, de l'autre côté de l'étang, vers le KM18, l'ischio se réveille ! 

Douleur ! Contracture ! Mal ! Très mal ! La même. Celle qui traine depuis le 21 août ! Au même endroit. J'encaisse. J'essaie de courir un peu mais je ne peux plus. Trop douloureux. Trop contracté. Contracté seulement car justement je ne veux pas déchirer les fibres. 

C'est mon cerveau qui m'avertit : "Garçon, si tu vas trop loin, il va y avoir du dégât."

Alors je marche. Et je marcherai jusqu'à l'arrivée. En boitant. D'habitude, on a tendance à accélérer vers la fin; ça sent l'écurie. Là, ça sent surtout la fin qui n'arrive pas.

Les miens, eux, sont sur la ligne d'arrivée. Ils attendent. Que cela doit être long d'attendre. 

Mais j'arrive. J'arrive. En marchant. Les spectateurs me poussent à courir. J'aimerais tant. Je ne veux pas et je ne peux pas.

La ligne d'arrivée est là. Le speaker me voit approcher. Il me crie : "Allez Frederic, on finit en courant." 

Désolé ! Je marche. Jamais je n'aurais fini une épreuve en restant autant de temps sur le tapis rouge. 

Le speaker m'accueille. Il tape ma main.

Et je boucle finalement l'épreuve au bout du rouleau en 5h45 !

Quand je pense aux IronMan que j'ai faits par le passé où j'étais insatisfait. 

Eh bien, comparé à ce terrible Half, ces courses n'étaient pas si mauvaises que ça.

Parenthèse

Un peu plus tard, je croiserais Nicolas. Le même qui m'a passé comme un avion et qui boucle son semi en 1h17 et 17ème scratch ! Bravo ! 

Fort justement, il me dit avec plein de sagesse que je ne pensais pas pouvoir courir et que finalement je suis allé au bout. Alors, ce n'est pas si mal ! 

C'est vrai que vu comme ça. 

N'empêche que le compétiteur reste compétiteur. Pour la CAP, je le savais. Mais je reste un peu amer de ce VELO médiocre, mon point fort. De souvenir de vieux triathlète, il ne m'était encore jamais arrivé de penser que je n'avais pas envie de pédaler.

Dénouement

Heureusement je fais une belle Natation.

Si j'avais été sur l'épreuve Reine, l'IronMan, jamais je n'aurais pu terminer le vélo dans une telle souffrance. J'ai souffert comme rarement. J'avais deux morceaux de bois à la place des jambes qui endolorissaient les genoux. Après un Ironman, je pouvais conduire pour rentrer au logement. Là, non, les jambes étaient tellement explosées. Et Challenge Family n'avait même pas un stand de kinés pour masser à l'arrivée.

Il n'y a pas de course difficile. Il n'y a que des athlètes mal préparés. Avec le recul, je n'étais pas prêt.

***

Quoiqu'il en soit, je crois que la clé du futur est dans les ischios. 

À chaque fois, ce sont eux qui m'ennuient dans une préparation, quand ce n'est pas une malheureuse scie qui me sectionne un bout de pouce. 

Je sais ce qui me reste à faire. 

Certains qui liront l'article penseront, et ils auront raison, que je prends de l'âge et que c'est dans "l'ordre des choses." Certes. Mais il ne faut pas baisser les bras. Tout est possible. 

Parce que je ne joue pas la gagne sur une course. Je ne l'ai jamais jouée. Je joue une belle place parmi mon groupe d'âge. Et que même à 50 ans, je laisse encore plein de petits jeunes derrière moi.

La saison est bouclée. Morne saison. 

Maintenant place aux salons du livre et aux autres rendez-vous littéraires. D'ailleurs si vous souhaitez de la bonne lecture, faites moi signe.